DOMINIQUE ROY 

Agente de développement culturel à la MRC de Témiscamingue (MRCT) pendant 15 ans et demi, Véronic Beaulé a joué un rôle crucial dans la promotion, la coordination, la structuration, le développement, la concertation et la consolidation de la culture dans la région. Bien qu’elle ait récemment quitté ses fonctions, impossible de passer sous silence tout le travail accompli en cours de mandat par celle qui était à l’avant-scène de toutes les opérations culturelles du territoire témiscamien. Telle une invitée à l’émission 1res fois, l’ambassadrice culturelle nous livre ici des faits marquants sur ce pan de sa carrière. 

En 2009, elle a été la première à occuper ce nouveau poste créé à la MRCT. Immédiatement, elle a aimé les projets révélant l’envers de la médaille, comme la réalisation de capsules vidéo qui mettaient en valeur le processus créatif des artistes ou encore ses chroniques à la radio qui présentaient ses coups de cœur culturels. 

Témoin de l’évolution positive de la perception de la culture au Témiscamingue, elle parle des élus municipaux qui ont progressivement pris conscience de l’importance de cette sphère dans le milieu, ce qui s’est traduit, notamment, par une augmentation des budgets alloués aux projets culturels. L’art s’est aussi invité dans la salle du conseil de la MRCT alors que des œuvres d’artistes locaux ornent les murs sous la forme d’expositions éphémères. La fréquentation des événements culturels a également augmenté, témoignant de l’engagement croissant de la communauté. La programmation grandissante et diversifiée du Rift attire de plus en plus d’adeptes. Véronic Beaulé donne l’exemple des vernissages au Rift dont le prorata de participation est largement plus élevé qu’à Montréal si on tient compte du bassin de population. Et que dire des films et des spectacles qui font salle comble? 

Courtoisie : Véronic Beaulé

La documentation du patrimoine a été un projet engageant pour Véronic Beaulé. Le recensement des granges doubles, plus de 80 sur notre territoire, et du patrimoine dans les municipalités lui a valu des découvertes exceptionnelles et une collaboration mémorable avec Jean-Yves Parent qui a fait le tour des églises en sa compagnie. L’exposition d’artefacts qui s’en est suivi, Lumière sur un patrimoine méconnu, fait partie de ses réalisations incontournables. 

Pour elle, la fréquentation du milieu culturel a été bénéfique, nourrissant sa curiosité et son ouverture d’esprit, constatant qu’il n’est pas nécessaire de toujours comprendre le message ou la démarche derrière l’œuvre. On peut consommer de la culture pour se faire du bien, tout simplement, et non pour chercher des réponses absolues. L’aspect révolutionnaire du projet artistique n’est pas un prérequis; la simplicité a sa place. 

Être agente de développement culturel lui a donné accès à des événements culturels marquants, notamment les sorties culturelles scolaires qu’elle qualifie de véritables petits bijoux. « Si tu n’es pas prof ou si tu n’accompagnes pas un groupe, tu ne les vois pas passer. » Elle décrit le théâtre jeunesse comme étant savoureux. 

La grande précarité du milieu fait partie de ses tristes constatations alors que peu d’artistes témiscamiens vivent de leur art. « Ils ont une “job alimentaire”, c’est souvent comme ça qu’ils l’appellent, et ils font de l’art quand ils [le peuvent]. C’est un milieu de passions qui tient sur des passionnés. Ce n’est pas au Rift que tu fais des millions de dollars, mais tu y fais des millions d’heures. » 

QUELQUES AUTRES 1RES FOIS EN VRAC 

Véronic Beaulé a vu naître le premier numéro de L’Indice bohémien qui coïncidait avec son arrivée en poste, collaborant à la recherche de sujets et à la distribution. La première fois qu’elle a vu une performance du duo Geneviève et Matthieu a été un moment ébranlant, la décrivant comme étant déjantée et déstabilisante. « La performance, ça frappe. » Il est donc difficile de passer sous silence le triste départ de Matthieu Dumont, survenu le 4 février dernier, une nouvelle qui ébranle et chagrine toute la colonie artistique de l’Abitibi-Témiscamingue. 

L’artiste de la région qu’elle a découverte et qu’elle apprécie depuis qu’elle est en poste est Édith Laperrière, notamment pour son travail en lien avec le territoire sous la forme d’estampes. Elle cite aussi Émilie B. Côté, dont elle aime la présence, le travail et l’approche. 

Enfin, est-elle plus arts visuels ou arts de la scène? Elle avoue consommer davantage de spectacles et de cinéma québécois. Son premier lien avec la culture, c’est sa passion pour le cinéma d’ici. Cependant, si elle avait un événement culturel incontournable à suggérer, c’est du côté des arts visuels qu’elle se penche avec la Biennale internationale d’art miniature.  


Auteur/trice

Originaire du Témiscamingue, Dominique Roy est enseignante au secondaire depuis 1999. Elle complète actuellement une maîtrise en éducation spécialisée en formation à distance. Sa grande passion : la langue française. Ses passe-temps préférés : lire et écrire. D’ailleurs, elle rédige des articles à la pige pour quelques journaux et magazines depuis plusieurs années en plus de conceptualiser, rédiger et réviser des ressources pédagogiques. Son premier article pour L’Indice bohémien, elle l’a écrit en octobre 2011, et cette collaboration perdure depuis tout ce temps.