Le printemps… ses odeurs, ses caresses et sa lumière allumeront bientôt nos sens. Ouvrir les fenêtres va permettre d’aérer les esprits. Le dégel inspire la majorité d’entre nous et invite à semer la vie malgré tout. On en a bien besoin ces temps-ci.

Nos ancrages prennent le large. Le quotidien, le regard sur l’avenir, notre rapport à l’autre empruntent des voies que nous n’aurions pu imaginer il y a trois ans. C’est pourtant l’âge d’un tout jeune enfant…

Complotistes ou non, nous dérivons sur le même radeau. Les signes de sa santé défaillante vont de catastrophe naturelle en catastrophe naturelle. L’état de notre planète donne tous les motifs nécessaires pour justifier un changement de cap. C’est vrai au point que des grèves du climat ont été entreprises en 2019 pour mener à celle du 19 septembre de la même année. On vit alors, à Montréal, la plus importante manifestation de l’histoire du Québec. Pas pour la coupe Stanley ou l’indépendance, non; des centaines de milliers de personnes marchent alors pour le climat. À ce moment, le mouvement a le vent dans les voiles et l’incontournable virage semble s’engager sous la pression populaire.

Arrive alors la pandémie avec ses morts, l’isolement et l’arrêt presque complet de nos activités sociales. Nous voici enfermés dans notre stupeur, nos solitudes, nos angoisses gonflées par l’incessante présence de nouvelles soufflées de tous côtés. La découverte de l’état de notre système de santé, malmené depuis 40 ans, et le traitement que nous réservons aux personnes âgées font la manchette. Il y a aussi, il ne faut jamais l’oublier, une vague de soutien aux travailleuses et travailleurs de la santé ainsi que des milliers d’actes de solidarité.

La COVID nous a divisés. Une part d’entre nous est désormais convaincue que nous vivons sous une dictature… J’ai toujours été certain que nous vivions assurément sous celle de l’argent. Mais une tyrannie politique, ici, aujourd’hui, vraiment?

Les nouvelles d’Ukraine montrent jusqu’où peut aller un régime dictatorial. Les images dont nous sommes bombardés nous arrachent, encore une fois, à notre innocence. Tout n’allait pas si bien, vraiment pas, mais tout peut aller encore plus mal croirait-on. Insécurité, menace nucléaire et inflation font désormais tanguer nos existences.

Alors que reviennent les outardes, je crois qu’il importe plus que jamais de saisir tous les moments de lumière, aussi petits puissent-ils être. De partager nos lueurs, de les faire naître et de les essaimer autant que faire se peut. Donner ce qu’on est capable de donner, accueillir celles et ceux que l’on peut accueillir. On a besoin d’être nombreux à sourire, car il y a tant à faire.

Il y a tant à faire… Je ne sais écrire d’autres mots en attendant de sentir le printemps.


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