Tout au long de novembre, Ariane Ouellet présentait ses toiles au Centre d’exposition de Rouyn-Noranda, dans une exposition qu’elle a intitulée Comme une ressemblance. Ces mêmes œuvres illumineront les murs du Centre d’exposition d’Amos du 15 janvier au 22 février, puis ceux de Val-d’Or à l’été 2010. Nous avons demandé à Jean-Jacques Lachapelle, directeur de la corporation Augustin-Chénier et vice-président de l’Écart… lieu d’art actuel, d’explorer l’univers d’Ariane Ouellet pour nous.

 

La rencontre des œuvres d’Ariane Ouellet réserve plusieurs surprises. D’abord, l’intensité lumineuse les rapproche plus des vitraux que des peintures. Et d’ailleurs, on comprend vite qu’il s’agit de la première volonté de l’artiste à la composition des tableaux qui constituent l’exposition…

En effet, les premiers gestes en peinture de celle que l’on connaissait comme photographe se sont portés sur l’illusion d’une peinture lumière. À travers les trois quarts des œuvres que nous rencontrons, nous sentons cette filiation. L’acrylique y est appliqué en couches successives et dessine comme des paysages vus à travers une multitude de vitraux superposés, lesquels auraient offert des ajours qui nous permettent justement de recomposer les profondeurs.

Nous sommes en présence d’une luminosité très forte qu’accentue le choix des couleurs. Même diluées, les couleurs acryliques conservent une des caractéristiques qui les ont rendues si populaires à l’ère de la lumière cathodique, celle de nos écrans téléviseurs. Les fenêtres décrites par Ariane Ouellet se situent justement dans une luminosité artisanale qui convient mieux à la description des personnages qu’elle a choisis.

L’une des surprises que nous rencontrons, lorsque nous nous approchons des tableaux, est justement que chacune des couleurs que nous pensions jaillie d’un vitrail s’avère pioupiesque, comme dirait Rimbaud. À la minute où nous nous approchons, elles s’éteignent l’une après l’autre. Comme si notre présence avait l’effet d’un éteignoir. Aussitôt, je recule, et la lumière reprend ses droits. Difficile de comprendre comment Ouellet a pu se tenir à portée de pinceaux et inventer une telle lumière.

Bercé par la musique
L’autre surprise est celle des titres. Là, ou bien on visait l’amateur de musique populaire, ou bien… En fait, il s’agit, connaissant maintenant les conditions que s’était posées l’artiste, d’un petit peu de manque de recul qui lui aurait permis de se distancier de son projet et de le repositionner dans son aspect le plus original. En effet, l’objectif initial de Ouellet consistait à peindre le portrait impressionniste d’une personne, laquelle devait fournir sa chanson préférée.

Sans doute, Ariane aurait intérêt à retitrer chacun des tableaux du prénom des personnes qu’elle a choisi de mettre en scène. Car en optant plutôt pour la chanson, elle pose un écart infranchissable entre nous et la peinture. Si elle avait choisi d’opter pour les prénoms des personnes qui lui ont servi de modèle, elle se serait et nous aurait rapprochés de l’originalité de sa démarche : nous amener dans un portrait intimiste et qui dépasse les attentes actuelles en fait de représentations, qui sont photographiques et tout droit héritées de la tradition de la Renaissance, qui laisse peu d’espace à la profondeur du mouvement.

Le projet n’a pas de recul. Et c’est bien ainsi. Les centres d’exposition de l’Abitibi-Témiscamingue et le Centre d’artistes L’Écart semblent actuellement engagés dans une propulsion des artistes émergents, sachant que sans ce stimulus, ils ne trouveraient pas le temps de produire. Mais ici, en Abitibi-Témiscamingue, l’artiste l’est à ses frais.