J’ai connu VM avec La rue Déragon. À La Sarre. On se reconnaissait là-dedans même si la rue Déragon, on ne savait pas c’était où. À ce moment, j’étais loin de me douter que ceux qui chantaient Pistache, la chatte qui vomit, deviendraient rien de moins qu’un groupe-phare au Québec et que j’en serais toujours sous le charme profond plus de 10 ans après. La raison de leur longévité, en dehors de leur résistance intrinsèque, c’est certainement qu’on a encore besoin de Vulgaires Machins pour laver notre linge sale. Même s’ils ne le plient pas après. « Je sais que t’en a assez d’essuyer ma rage » chante Guillaume dans Pointer l’orage. NON! Bien qu’on aborde toujours avec la douceur d’un gun à patates de déficiences sociétales les plus multiples (aliénation, malbouffe, quartier dix-30), ce n’est pas un album d’une pathétique lourdeur. L’ironie et le choix des mots les moins poétiques arrivent à rendre l’expérience agréable. La distorsion aide aussi à évacuer complètement l’envie de pleurer. Pour soutenir ces textes-là, on en avait besoin. La deuxième réalisation de Gus Van Go (The Stills, Priestess, Hollerado), est juste et punk; homéostasie entre brut et bien fait. On peut lire sur le fort recommandable blogue de VM : « Si les premières réactions des critiques musicales au sujet de l’album sont positives, nous pourrons espérer arriver à rembourser notre dette. Voilà toute la vocation de l’œuvre ». En effet, Requiem pour les sourds c’est aussi un méta-disque, on aborde avec des yeux certainement pas aveugles l’industrie musicale occupée en clamant : « Nous sommes des parasites, nous sommes des putes ». Si VM est sans aucun doute un parasite, un mal essentiel pour maintenir l’écosystème auquel il participe en kickant dedans à coups de bottes à cap, ainsi, oui, « j’aime le mal », mais j’adore Requiem pour les sourds.

 

 

4/5


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