On en conviendra, les conditions de vie des femmes ont beaucoup évolué au fil des dernières décennies. Mais malgré toutes les petites victoires, quelques batailles restent à mener afin que l’inégalité des chances ne devienne qu’un mauvais souvenir. Voici un aperçu de ce que peut signifier être une femme en Abitibi-Témiscamingue, en 2011.
Une application stricte des statistiques nous apprend que la Témiscabitibienne typique habite la MRC de la Vallée-de-l’Or (MRC comptant le plus de femmes) et qu’elle est âgée entre 45 et 54 ans (tranche d’âge où elles sont le plus présentes). Elle vit en couple et elle a un enfant. Elle n’a aucun diplôme (comme 29% des femmes de son âge dans cette MRC) et elle a une chance sur deux de travailler. Elle travaille à temps partiel, dans le secteur des services et son revenu d’emploi oscille autour de 18,000$. Heureusement, la réalité est beaucoup plus complexe et diversifiée.
Les femmes représentent 50% de la population régionale. La grande majorité des femmes de la région vivent au sein d’une famille alors qu’un peu plus de 9 000 femmes adultes vivent seules. Des 23 930 familles avec enfant de la région, 4 554 sont des familles monoparentales dirigées par une femme. Mais qui sont ces femmes?
Plus éduquées, moins riches
Les femmes de l’Abitibi-Témiscamingue sont plus scolarisées que les hommes : 66,3% des femmes détiennent un diplôme (tous niveaux de scolarité confondus) et la proportion de femmes ayant fait des études universitaires est en constante progression. Par contre, le taux de décrochage chez les jeunes femmes est un des plus élevés au Québec; le taux de sortie sans diplôme ayant augmenté de 9% depuis 2003. Ce qui nous amène tout naturellement à la situation d’emploi des femmes car seulement 26,5% de celles qui n’ont pas de diplôme occupent un emploi contre 41 % des hommes dans la même situation. Et plus les jeunes femmes persévèrent dans leurs études, plus leur taux d’emploi augmente, pour atteindre 81% chez celle détenant un grade universitaire.
Les femmes de la région sont d’ailleurs de plus en plus présentes sur le marché du travail. Mais elles investissent encore trop peu les emplois traditionnellement masculins. Dans une région où le secteur primaire est très présent et offre des conditions salariales des plus avantageuses, la sous-représentation des femmes dans ces emplois a un impact direct sur leur revenu. En effet, le revenu moyen des femmes de la région représente seulement 60,5% de celui des hommes, ce qui est même inférieur à la moyenne provinciale. De plus, les femmes sont trois fois plus nombreuses à occuper un emploi à temps partiel que les hommes, ce qui a une incidence directe sur leur revenu. Enfin, la venue de congés parentaux plus avantageux a permis aux femmes de demeurer sur le marché du travail tout en ayant de jeunes enfants; mais elles consacrent encore deux fois plus de temps aux soins des enfants que leur conjoint.
Femmes de tête mais aussi de cœur, les Témiscabitibiennes sont impliquées dans les différentes sphères de la gouvernance tant locale que régionale. Quelques 70 ans après avoir obtenu le droit de vote, nous pouvons compter 14 mairesses et 154 conseillères en Abitibi-Témiscamingue. C’est une progression constante quoique lente mais les organisations de la région perçoivent mieux les avantages liés à la mixité de représentation.
En 2011 l’égalité n’est pas atteinte, mais nous y travaillons toutes. Ce 8 mars, prenons le temps de regarder le chemin parcouru et engageons-nous avec entrain sur la voie de l’avenir.
Les données présentée dans ce texte sont extraites du Portrait statistique égalité femmes/hommes produit en 2010 par le Conseil du statut de la femme du Québec.