La région est reconnue pour avoir produit de courageux pionniers, de talentueux joueurs de hockey et d’ingénieux patenteux. Mais de nos jours, un tout nouveau genre humain émerge de nos latitudes : le documenteur, qui s’accompagne généralement d’un public critique et enthousiaste. La prochaine livraison de tels spécimens aura lieu du 19 au 23 juillet, à Rouyn-Noranda, à l’occasion de la 8e édition du Festival du DocuMenteur de l’Abitibi-Témiscamingue.
L’équipe du festival a encore une fois préparé une programmation étoffée, et même si c’est la 8e édition, les sources de fabulations documentaires sont loin d’être taries. « Quand on a commencé, les faux documentaires n’étaient pas courants, se rappelle Émilie Villeneuve, cofondatrice et présidente de l’événement. Mais maintenant, il y a même certains festivals qui incluent une catégorie “documenteur” dans leur formulaire de dépôt de films ».
Les menteries forment la jeunesse
Mais le zénith de ce concentré d’histoires cousues de fil blanc, c’est le concours de création, au cours duquel cinq équipes de trois cinéastes se voient assigner une MRC dans laquelle ils doivent réaliser un documenteur en 72 heures. Émilie Villeneuve est très consciente de l’impact qu’a cette sympathique compétition qui n’en est pas une : « On sent en région un besoin de voir des images de nous-mêmes à travers le regard des artistes, et je crois que notre concours contribue à le combler, même si ce sont des menteries. » Elle ajoute que les gens d’ici qui participent aux films en tirent une grande fierté, et sont souvent surpris de ce qu’ils découvrent sur leur milieu grâce à des étrangers. Après tout, le Festival inclut dans sa mission la « valorisation de la région ».
Un autre impact du concours est sans contredit l’expérience offerte aux réalisateurs qui y participent. D’ailleurs, toute une génération de créateurs de la région on pu s’y colleter au fil des différentes éditions. « On souhaite qu’à chaque année il y ait au moins un participant originaire d’ici, confie Émilie Villeneuve. Et pour donner plus de place à nos réalisateurs, on a créé l’équipe hors compétition. » Cette année, cinq cinéastes d’ici sont de la compétition, et deux autres dans l’équipe hors-concours. Et l’organisation fait tout ce qu’elle peut pour favoriser les rencontres et les échanges entre les participants, une autre retombée concrète du concours. Enfin, on ne ménage pas les efforts pour que la vie des films se poursuive au-delà de la projection de clôture : on les inclut dans la traditionnelle tournée régionale, on les envoie dans divers festivals et aux Rendez-vous du cinéma Québécois, même que certains ont été vus en Italie. Preuve qu’on ne sait jamais où peut mener une menterie.
Quelques faits saillants de la programmation
Trolljegeren (The Troll Hunter) Long métrage norvégien sur trois étudiants qui découvrent qu’un troll s’attaque à des ours en forêt. Avec effets spéciaux en masse.
Taliban Surfer Un taliban devient une étoile du surf malgré son extrémisme. « Un film qui va dans des zones où le documentaire conventionnel ne peut aller », selon Émilie Villeneuve.
Partie de chasse Le peintre Marc Séguin et le chef Martin Picard vont à la chasse; le premier est super efficace, alors que le second est nul. Un film du Rouynorandien d’origine Bruno Bouliane.
Également à ne pas manquer : les 17 à 19 (dont le Ciné-impro, la présentation des documenteurs tournés lors d’AT@MTL et les fausses bandes-annonces de Trailer 2), Total Crap 6 et le Ciné-brunch familial du samedi matin.