Après des décennies d’oubli et quelques années d’intense démarchage, le Centre d’interprétation du Camp de détention de Spirit Lake a finalement ouvert ses portes le samedi 25 juin.
C’était l’aboutissement de longues démarches, qui incluent l’acquisition de l’église Saint-Viateur, sa réfection et son aménagement. La MRC Abitibi est ainsi dotée d’un lieu de commémoration historique qui n’a pas son pareil dans ce coin de la région, de par l’ancienneté des événements qu’il relate (96 ans) et par le fait qu’il rappelle le sort réservé à des canadiens nouvellement arrivés au pays.
Mille-deux-cents personnes ont été fait prisonnières au Camp Spirit Lake à Trécesson entre 1915 et 1917. C’est après l’ordre du Comité du conseil privé du Gouverneur Général du Canada d’incarcérer les étrangers de nationalité ennemie, pendant la Première guerre mondiale que l’Abitibi-Témiscamingue a été l’hôte d’un des 4 centres de détentions québécois (le Canada en compta 24 au total), les autres étant à Montréal, Beauport et Val-Cartier. Mais celui de Spirit Lake avait ceci de particulier qu’il était l’un des deux seuls dans tout le Canada à accueillir également les familles de détenus, qui étaient regroupées dans un hameau appelé Lillienville, situé à quelques centaines de mètres du camp.
Au fil du temps, de nombreux artéfacts on été découverts sur le site, qui compte un cimetière que les gens de l’endroit appellent le cimetière des Allemands (alors que la majorité des détenus étaient des Ukrainiens). On répertorie 3 cas d’évasions réussies, dont une s’est soldée par la mort d’un des fugitifs, abattu par un colon apeuré. On dit d’ailleurs que les moustiques d’Abitibi ont empêché plusieurs tentatives d’évasion d’être complétées.
Le Centre d’interprétation de Spirit Lake permet donc aux visiteurs d’en savoir plus sur les conditions de vie des détenus, de leur famille et des quelques 200 militaires qui ont travaillé au camp. Ceux qui souhaiteront en apprendre davantage pourront consulter certains ouvrages écrits sur le sujet, dont Spirit Lake, de l’auteure d’origine amossoise Sylvie Brien, roman que le réalisateur Roger Cantin portera au grand écran en 2013. Il n’y a désormais plus aucune raison d’ignorer cette tranche de notre histoire.