Du 4 mai au 3 juin, L’Écart.. . lieu d’art actuel propose une exposition qui risque de décoiffer : Méchante peinture, dont le commissariat a été assuré par l’artiste Rock Lamothe et qui met en évidence des œuvres de nombreux artistes de la région et de quelques-uns d’ailleurs au Québec. On dit que ce sera mauvais… et très bien ainsi.
Julie Mercier, Andréane Boulanger, Marie-Ève Dubé, Geneviève & Matthieu, Gabriel Morest et Christian Messier ont tous mis la main à la pâte afin de nous concocter une exposition hors du commun, le tout bien orchestré par Rock Lamothe, artiste et chargé de projet. Ce vernissage tournera autour d’un extraordinaire et épatant concept voulant faire développer un sujet aux artistes en donnant libre cours à leur imaginaire afin que tous et chacun soient reconnus à travers les méthodes qui leur sont propres. Les visiteurs s’étonneront ainsi de voir l’art s’exhiber avec une grande désinvolture.
L’art qui dérange
L’idée ayant mené à cette exposition découle de deux projets ayant rassemblé des artistes d’ici, soit Les cinq plaisirs capiteux (2009) et Excès de désinvolture (2010). L’effet dénonciateur et recherché aura ainsi inspiré M. Lamothe à créer un langage commun voulant clairement diriger un message vif et direct, sans aucun filtre. C’est dire qu’il y aura des discours philosophiques et sociologiques sans aucune barrière entre l’artiste et le spectateur. Les méthodes ordinaires de l’art seront détournées au gré de l’artiste; il n’y aura que de la « mauvaise peinture », référence à un mouvement apparu aux États-Unis vers 1978 sous le nom de Bad Painting.
Ce genre artistique répand un message en étant délibérément cru et en allant à l’encontre de toutes les lois du bon goût. C’est un art volontairement négligé, mais non moins réfléchi. Remettant en doute les techniques classiques et traditionnelles de la peinture, les artistes offriront leur vision d’un sujet souvent tabou, à leur façon, sans règles ni méthodes précises. L’effet recherché : déranger par l’entremise d’un sujet marginal et actuel qui paraît insensé pour certains. « Les contraintes ainsi levées, le geste créateur est empreint d’une grande liberté autant dans les thématiques abordées que dans la manière d’en rendre compte », explique M. Lamothe.
À titre d’exemple, Julie Mercier, jeune artiste de Rouyn-Noranda, traite entre autres du sérieux exagéré dont on fait parfois preuve quant à son succès et à ses échecs, à l’identité même et au pouvoir de tout un chacun à pouvoir faire une différence dans le monde. « 6 855 272 607 êtres humains sur cette planète, 6 855 272 607 grains de litière agglomérante dans la salle de bain de mon chat, comment se fait-il que l’on prenne la peine d’avoir une identité ? » s’interroge l’artiste. \