C’est en 2002 que Jean-Pierre Robichaud, originaire de Manneville, fut récipiendaire du Prix littéraire de l’Abitibi-Témiscamingue, grâce à son roman Les coureurs d’aventures. Dix ans plus tard, en 2012, le récit renaît grâce à l’ABC de l’édition, une maison abitibienne spécialisée dans l’édition à compte d’auteur qui a pour mission de permettre à ses écrivains de participer activement à une démarche de publication adaptée à leurs besoins.
L’intrigue se déroule dans le Québec des années 30 et 40. Sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, non loin de Saint-Jean-Port-Joli, plus précisément à Saint-Aubert, les emplois se font rares. Des frères décident donc de quitter le nid familial et la région pour s’exiler en Abitibi où l’on défriche des hectares de forêt pour construire des villages et pour installer les colons sur des terres cultivables. L’appât du gain et le goût de l’aventure incitent ces jeunes hommes célibataires à tout quitter pour un monde qu’on leur a dit prometteur, voire meilleur. Cette liberté au milieu de nulle part les amène rapidement à constater qu’ils ne sont pas encore au bout de leurs peines. Le travail ardu, les conditions pitoyables, les installations rudimentaires, le rude climat hivernal, les intempéries, l’enrôlement obligatoire… tout semble contrecarrer le fabuleux avenir qu’ils espéraient tant.
À chacune de ces pages, on a l’impression de retremper dans ces bons vieux classiques que sont les romans du terroir. Pour ceux qui ont aimé Maria Chapdelaine, Trente Arpents, Menaud, maître-draveur, Le Survenant, vous aurez vraiment l’impression de revivre ces lectures où l’on chemine au gré des saisons et dans lesquelles il n’y a point de place pour les fainéants puisque le travail à la dure est la seule porte de sortie. Bien que les personnages soient fictifs, la trame de fond, quant à elle, nous fait redécouvrir les débuts de la colonisation en Abitibi dans les villages de Roquemaure et de Manneville. Ayant recours au langage coloré de l’époque, celui qui était truffé de canadianismes, Jean-Pierre Robichaud nous rappelle donc toutes ces soirées passées à écouter les anecdotes racontées à maintes reprises par nos grands-parents et arrière-grands-parents. Il n’est pas sans dire que le glossaire à la toute fin est des plus utiles pour arriver à déchiffrer les mots et les expressions qui sortent tout droit d’une autre époque et qui, pour plusieurs, ne font plus partie du dictionnaire actuel.
Pour les amants de la nature, les passionnés de l’histoire, les nostalgiques des romans du terroir, Les coureurs d’aventures vous fera donc passer une agréable soirée automnale, bien emmitouflés près du foyer.