Difficile de dire si c’est Samian qui est dans l’environnement ou si c’est l’environnement qui est dans Samian. En tant que fier représentant de la nation Anishinaabe – qui signifie littéralement le «peuple des origines» – Samian puise dans les racines de sa culture ancestrale pour la faire fleurir un peu partout sur le territoire… mondial.
Samian – la traduction de son prénom Samuel en langue algonquine – est un guerrier. Chaque jour, le tatouage «Warrior» qu’il arbore au cou lui rappelle ce pour quoi il part en croisade. Samian va au combat, armé de ses mots, pour que son peuple passe d’invisible à invincible.
«Si on lit entre les lignes [de mes textes], oui, je me bats pour ma communauté, mais je me bats aussi pour les droits humains, pour l’identité. C’est important d’être fier d’où on vient», explique le jeune métis originaire de la communauté algonquine de Pikogan, près d’Amos.
Mère Nature étant un élément fondamental de cette identité culturelle qu’il porte – croyances spirituelles, mode de vie traditionnel, etc. –, Samian y fait donc tout naturellement la part belle dans son œuvre musicale. Sa pièce Plan Nord, véritable brûlot contre le Plan Nord du gouvernement Charest, est probablement sa chanson qui résume le mieux ses positions environnementales.
Samian se défend toutefois de vouloir fouler le terrain politique, estimant que son rôle de créateur lui permet une plus grande liberté dans la prise de parole. «Si je voulais me censurer, je ferais de la politique. Pour moi, on vit ces préoccupations [environnementales] au quotidien. Idle No More, je laisse ça aux politiciens. Idle No More, je le vis sur une scène, en essayant d’établir un dialogue fraternel avec l’autre pour lui faire comprendre ma culture», explique-t-il.
Lui qui est lui-même cet «autre» et qui avoue avoir mis du temps à faire l’équilibre entre ces deux parts de lui-même, se dit toutefois «ému et fier» des initiatives de plus en plus nombreuses et mobilisatrices pour porter la voix de son peuple et ses revendications. «Quand j’ai commencé, on ne parlait presque pas des premières nations et je rêvais qu’on en parle plus. La marche [partie de la communauté crie de Whapmagoostui, aux abords de la Baie James, et qui se poursuivra jusqu’à Ottawa] c’est génial. Je trouve ça hallucinant l’initiative de ces jeunes-là!», se réjouit-il, précisant avoir déjà entendu une «prophétie» stipulant que «les communautés allaient voir des marcheurs passer»…
Même s’il ne se promène pas à pied, ni dans l’arène politique, le «guerrier des mots» poursuit tout de même son combat avec acharnement, même au-delà des frontières. Outre deux spectacles en France dans les jours à venir, Samian représentera également le Canada lors des Jeux de la Francophonie à Nice en septembre. «Ce n’est pas la première fois que je représente le pays à l’étranger», précise celui qui est devenu un véritable ambassadeur culturel pour sa communauté.«C’est une belle tribune et j’en profite. J’y vais en tant qu’Autochtone, pour faire connaître la culture, rencontrer des gens. Ça sera un beau défi, parce que ce sont des Jeux culturels aussi et que je serai en compétition avec d’autres artistes.»
À l’heure où «l’invincibilité» des peuples autochtones est menacée en plusieurs endroits de la planète, la possibilité pour Samian de faire résonner l’écho de sa voix et procurer à sa nation une visibilité internationale prend effectivement tout son sens…