Soirée pluvieuse et animée du mois d’août; l’automne commence à nous frôler doucement. Je rencontre, au hasard de la fête, une vieille amie et son compagnon de vie. Elle va accoucher bientôt de son deuxième enfant alors qu’il porte leur fille de trois ans sur ses épaules. L’air humide est mêlé de musique pour recevoir l’affluence dense et souriante.
Le couple me rappelle joyeusement les origines du festival, rêve fou devenu réalité : « On est partis d’une idée hallucinante, mais on a eu de la will! » Ne comprenant pas, je leur demande : « Qu’est-ce que ça veut dire : avoir d’la will ? » On me répond, d’une seule voix, sans attendre : « On le fait. C’est tout! On n’a pas eu peur d’avoir peur. On s’est planté les pieds. On était ensemble, toute la gang, on s’est fait confiance! Et regarde ce que ça donne!!! Chaque personne participe comme elle veut, prend la place qu’elle veut prendre. C’est comme ça qu’on avance ensemble! »
Des bénévoles nous abordent pour échanger un instant sur la suite de la soirée, puis la profession de foi reprend : « Si on ne le fait pas nous-mêmes, personne ne le fera à notre place! On peut avoir les plus grosses subventions, mais ça ne fait pas agir. Ça aide beaucoup, les subventions, mais ce n’est pas ça qui séduit les bénévoles… Quand tout le monde se fait confiance, que les gens se sentent d’un tout qui les dépasse, là ça vit et grandit. Dans ce temps-là, on peut faire des miracles! » Ils me confient Cloé, leur enfant, et vont danser au milieu du miracle… Je la pose sur mes épaules pour qu’elle puisse sourire à ses parents.
Cet échange pourrait s’être tenu partout. Dans toutes les parties de notre région et de la planète, des miracles s’opèrent parce qu’on décide de passer du rêve à la réalité. À cette fin, il faut des gens pour faire le ménage, vendre des billets, accueillir la visite, s’occuper de la technique, organiser un service de garde, laver la vaisselle, tenir la comptabilité, écrire des lettres de remerciements, assister à nombre de petites et grosses réunions, faire des démarches de toutes sortes, signer des contrats, dessiner des affiches, déplacer des tables, organiser des horaires, coordonner les bénévoles et remplir des demandes de subventions…
Sourire quand ça va bien, serrer les dents et sourire quand même si c’est plus dur… Puis, après des lunes et des lunes de travail, arrivent la fête et son public!
L’été dernier, beaucoup de personnes m’ont parlé de projets sociaux lors de soirées pluvieuses et animées : « La ville devrait faire du compost, on devrait mieux partager la richesse, on devrait se mobiliser contre les coupures dans la culture, on devrait les empêcher de tout scrapper, etc. » Je suis tout à fait d’accord ! Mais, dans tous ces cas, on doit s’inspirer de nos festivals qui vivent et survivent : se mettre ensemble et se donner la will nécessaire.
Autrement, comment pourra-t-on partir de nos visions pour changer la réalité? Vous avez des idées?