NATHALIE FAUCHER, VICE-PRÉSIDENTE, SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DE GÉNÉALOGIE DE VAL-D’OR 

Cette chronique est issue d’un réflexe. En voyant la thématique des festivals pour L’Indice bohémien, ma pensée ne s’est pas tournée vers les artistes ou les spectacles, mais vers les bénévoles. Ces visages familiers sur les sites d’événements prolongent une tradition d’entraide communautaire enracinée dans notre histoire. 

L’ÉGLISE, STRUCTURE DE LA VIE COMMUNAUTAIRE 

Dans nos communautés, où l’esprit d’entraide a forgé le quotidien, les festivals ne sont pas que de simples divertissements. Ils incarnent l’écho vivant d’une tradition séculaire d’engagement collectif, lequel prend racine dans le tissu social, culturel et religieux de nos régions. 

Aux débuts de l’Abitibi-Témiscamingue, sans institutions étatiques solides, l’Église jouait un rôle central. Bien plus qu’un lieu de culte, elle était un véritable carrefour de la vie communautaire. On s’y rassemblait pour les grandes étapes de la vie – les joies, les peines, les célébrations –, mais aussi pour organiser la solidarité sociale, répondre aux besoins urgents de la communauté et lancer des initiatives locales. 

Photographie : Benjamin Cullen

UNE CULTURE DE LA PARTICIPATION BIEN ANCRÉE 

Cette culture de la participation a façonné notre territoire. Elle a permis de bâtir des écoles, d’entretenir des routes, d’organiser des événements… Elle reposait sur une idée simple : quand on vit loin, il faut compter sur la force du collectif. Le bénévolat, dans ce contexte, n’était pas un choix, mais une nécessité. Il s’exprimait naturellement : entretien des bâtiments, préparation des fêtes religieuses, catéchèse des enfants, soutien aux personnes isolées, travaux collectifs… Chaque geste comptait. Cette dynamique reposait sur les valeurs chrétiennes de charité, de fraternité et de service à autrui. 

Avec l’évolution de la société, ces formes d’implication ont changé. Mais l’esprit de solidarité, lui, s’est transmis sous d’autres visages. Aujourd’hui, de nombreuses initiatives citoyennes – qu’elles soient sociales, culturelles ou environnementales – témoignent de cet engagement. Les festivals, notamment, en sont une belle illustration. En célébrant l’identité locale et la culture, ils mobilisent eux aussi une énergie collective héritée de ce passé solidaire. Beaucoup de petits villages du Québec ont toujours cette tradition : rassembler une communauté autour d’un événement local. Pensons par exemple au célèbre Festival du bœuf de Sainte-Germaine-Boulé ou la Route du terroir de La Motte. En toute simplicité, les gens vivent et partagent un moment commun, renforçant ainsi leurs liens sociaux. 

LES FESTIVALS : UNE MÉMOIRE VIVANTE AU PRÉSENT 

Bien que les festivals se soient professionnalisés, ils restent dépendants d’un élément fondamental : les bénévoles. Ces femmes et ces hommes sont les héritiers directs de l’engagement communautaire d’antan. Ils incarnent ce fil invisible qui relie les générations et rappelle que la force d’un territoire réside d’abord dans les liens humains. 

Lorsqu’on observe les centaines de bénévoles à l’œuvre – montant des scènes, accueillant le public, distribuant sourires et renseignements –, on ne voit pas seulement une logistique bien huilée, on assiste à la perpétuation d’un héritage précieux, transmis de bouche à oreille, de cœur à cœur. 

En somme, les festivals sont l’une des manifestations contemporaines d’une âme bénévole qui, depuis toujours, fait battre le cœur de nos communautés. 


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