LISE MILLETTE 

La petite galerie de la 8e Rue, dans le Vieux-Noranda, se fait tanière, repères et nid douillet pour quelques mois. Sous la thématique animalière, on y retrouve des sculptures et des toiles de William Olaf Berge, des toiles de Céline J. Dallaire, des œuvres métalliques de Denis Michaud et des dessins plus que réalistes de Michel Villeneuve, qui ajoute des traits de couleur au graphite qu’il maîtrise si bien. 

« Après le retrait de la dernière glaciation 
Avant l’arrivée des Premières Nations 
Avant l’installation des gens venus d’Europe 
Plus tôt, ils ont investi le territoire 

Avant nous tous, ils étaient là. » 

Courtoisie : Lise Millette

Ce sont les mots choisis pour introduire cette exposition nommée Avant premiers. Le parcours de l’exposition offre d’abord un ensemble de dessins de Michel Villeneuve, inspirés des photos du photographe animalier Luc Farell qui sait croquer la belette au moment précis où elle s’arrête, le renardeau qui bâille ou le huard qui étire majestueusement les ailes. 

Michel Villeneuve a eu tout le loisir de choisir les clichés les plus inspirants et de les adapter, afin de les faire sortir du cadre même. 

« Le crayon me donne la flexibilité qui me convient et avec lequel je peux mettre beaucoup de détails », commence Michel Villeneuve, qui ne se fait ni avare de détails ni de textures. 

Courtoisie : Lise Millette | Churchill, de Céline J. Dallaire

Les plumes de la chouette, le fin duvet de la souris, le mufle de l’orignal qui semble prêt à renifler : le réalisme est impressionnant. En prime, le jeu de couleur et la finition au graphite permettent d’ajouter avec finesse un découpage ou une couronne de poils hirsutes. Les œuvres méritent qu’on fasse quelques pas pour observer de plus près le travail minutieux de l’artiste. 

Expositions regroupant les oeuvres de William Olaf Berge, les toiles de Céline J. Dallaire, des œuvres métalliques (notamment l'immense libellule) de Denis Michaud et les dessins de Michel Villeneuve.
Expositions regroupant les oeuvres de William Olaf Berge, les toiles de Céline J. Dallaire, des œuvres métalliques (notamment l’immense libellule) de Denis Michaud et les dessins de Michel Villeneuve

« Les animaux qu’on retrouve ici sont, pour la plupart, dans une aire de distribution de 10 kilomètres autour de Rouyn-Noranda, sauf quelques exceptions », ajoute Michel Villeneuve. 

Un peu plus loin se dresse Churchill, l’ours polaire de Céline J. Dallaire qui a, pour sa part, opté pour un corpus d’animaux arctiques. Sa démarche inclut des mouvements migratoires ou des adaptations du climat de cette faune qui cherche à s’adapter. À Churchill, ville du Manitoba, l’endroit est nommé par certains « la capitale de l’ours polaire ». De la mi-octobre à la mi-novembre, la concentration est telle que cette période a été nommée la saison de l’ours polaire. Les bêtes s’approchent de plus en plus des lieux fréquentés par l’humain et plusieurs délaissent la banquise pour les dépotoirs. Les histoires derrière les toiles de Céline J. Dallaire sont tout aussi fascinantes que ces peintures… il suffit d’amorcer le dialogue. 

Autre membre du collectif d’artistes, William Olaf Berge, taxidermiste, mais aussi peintre et sculpteur, présente des pièces de bois. Une hirondelle perchée, une chouette, une sittelle à la tête renversée : l’ensemble est très réussi et là encore, rien n’est laissé au hasard. Il a d’ailleurs remporté de nombreux prix canadiens pour son travail. 

Denis Michaud complète le quatuor de talents avec de grandes œuvres métalliques, dont une libellule, un poisson argenté et un oiseau en vol. 

Quatre artistes, quatre visions de la faune canadienne et de longues minutes de contemplation en perspective. 

L’exposition est présentée jusqu’au 6 septembre, du mercredi au samedi. 


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.