ERWANN BOULANGER, BÉNÉVOLE, SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DE GÉNÉALOGIE DE VAL-D’OR

Fin 1956, le Canada accueille des réfugiés hongrois. Cette vague migratoire marque les débuts de la tradition humanitaire canadienne telle qu’elle se pratique encore aujourd’hui. L’Abitibi-Témiscamingue participe à cet accueil, notamment à Val-d’Or.

En 1956, la révolution hongroise, violemment réprimée par le régime soviétique, amène 200 000 Hongrois à fuir leur pays, dont 37 500 se réfugient au Canada. Le gouvernement sélectionne, transporte et réinstalle les personnes réfugiées avec la coopération d’organismes sans but lucratif, créant ainsi un modèle pour l’accueil de futurs réfugiés.

Val-d’Or est la troisième ville de l’Abitibi-Témiscamingue à accueillir des réfugiés hongrois, après Rouyn et La Sarre. Leur arrivée à la gare ferroviaire de Val-d’Or, le 29 janvier 1957, est un événement médiatisé, ce qui nous permet aujourd’hui de connaître les moyens déployés pour leur accueil.

Émanant du club social Rotary de Val-d’Or, le comité d’assistance des réfugiés hongrois assure la logistique de cette arrivée. Il organise le logement, l’ameublement, l’alimentation et l’emploi de ces nouveaux arrivants. Le financement provient de dons privés et d’organismes de charité. Le comité est présidé par le maire J.-Eugène Bérard, assisté de nombreux bénévoles et notables de l’époque. On note la présence de Franck Czerei, un résident d’origine hongroise travaillant à la mine Bevcon qui joue le rôle d’interprète.

Une réception est organisée dans la salle à manger des baraquements de la mine Sigma, où un copieux repas de goulash hongrois leur est servi.

Ensuite, les 21 réfugiés sont répartis dans l’ensemble de la Vallée-de-l’Or : 9 à Bourlamaque, 3 à Val-d’Or, 4 à Sullivan, 2 à La Corne et 2 à Senneterre. Cinq travaillèrent à la mine Sigma, deux à la mine Lamaque, deux à la Molybdenite Corporation à La Corne et deux à l’hôtel Ubald à Senneterre.

En avril 1957, L’Écho abitibien prend des nouvelles auprès du comité d’accueil concernant ses nouveaux concitoyens. Si la langue est encore une barrière à l’intégration, les employeurs vantent leur rendement et leur bonne volonté. Sur les 21 réfugiés, 1 seul est reparti, inquiet pour sa famille, restée dans son pays natal.

Une autre famille de réfugiés est accueillie le 14 mars 1957. Le comité a cru « bon de se limiter au nombre qui nous a déjà été envoyé, considérant que c’est mieux d’avoir bien soin des réfugiés qui sont confiés que d’en accepter trop et de les négliger » (L’Écho abitibien, 4 avril 1957).

Bien que l’histoire de leur arrivée soit bien documentée, il est difficile de savoir ce qu’il leur est ensuite advenu et s’ils ont vécu longtemps dans la Vallée-de-l’Or.

Les réfugiés hongrois s’inscrivent sur une longue liste d’accueil humanitaire au Canada et dans notre région. Ce type d’immigration, circonstanciel et marginal, se poursuit tout au long du vingtième siècle et jusqu’à aujourd’hui. En fonction des conflits, cette immigration s’est diversifiée et mondialisée. Depuis 2022, ce sont des Ukrainiens que nous accueillons sur notre territoire. Ils sont près d’une centaine aujourd’hui à s’adapter à leur nouvelle vie, entre espoir et mal du pays.


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