Après Glencorruption en 2023, le groupe métal hardcore de Rouyn-Noranda Guhn Twei lançait, le 5 juillet dernier, un deuxième album tout aussi engagé et percutant, Capitale de l’arsenic. Nous avons discuté avec Simon Turcotte, chanteur et bassiste du groupe qui revenait tout juste de tournée de lancement, reconnaissant d’avoir pu présenter son projet à travers le Québec.
Les deux albums parus en moins d’un an réunissent les chansons composées dans les débuts du groupe. En studio, la composition se passe entre Simon et son comparse David Alisich-Bérubé, batteur et guitariste qui s’occupe aussi des arrangements, de l’enregistrement et du mixage. « J’ai la chance d’avoir David. Je lui arrive avec mes idées, mes textes, ma musique et il donne vie à tout ça avec son studio, son expertise et ses idées à lui à travers ça. C’est vraiment une belle collaboration », résume Simon Turcotte. Tous deux musiciens aguerris, ils ne sont pas partenaires de longue date. David a approché Simon au milieu de l’année 2022 après avoir assisté à sa performance solo en première partie d’Hubert Lenoir à Rouyn-Noranda. La guitariste Jeanne Perrin, qu’on entend chanter sur la pièce « Lac Terreur, complète » le duo sur scène.
DÉNONCIATION ET VÉCU
Simon Turcotte signe la majorité des textes de Guhn Twei, mais on découvre aussi la sombre plume de son complice Marc-André Larose sur les pièces « Brûler des banques » et « Opasatica ». Si elle se perd parfois dans une oreille néophyte du chant guttural métal, la prose de Turcotte vaut une lecture attentive. Résolument engagé et dur envers une industrie qui met en péril santé humaine et environnement, il traite aussi de « l’univers Noranda » qu’il habite et de son parcours de vie, alors qu’après cinq cancers, il a dû être amputé d’une jambe en 2020. « C’est un tout : des chansons qui parlent de mes années avec la maladie, ça explique pourquoi je dénonce une usine qui empoisonne la population, explique-t-il. Juste crier fort “Fuck Glencore”, ça n’a pas de poids sans contexte, si tu n’expliques pas pourquoi ça te tient autant à cœur. J’ai reçu la critique que mes paroles étaient exagérées. Peut-être que j’aurais eu cette opinion-là il y a 10 ans, avant d’être malade. »
Capitale de l’arsenic se conclut avec la longue et puissante « Omertà », avec l’acteur et auteur Alexandre Castonguay qui y interprète en introduction un texte original. C’est d’une rencontre fortuite sur la 8e Rue qu’est née cette collaboration. « On lui a donné carte blanche », relate Simon Turcotte. J’étais vraiment content du résultat; l’angle qu’il a décidé de prendre, faire un poème sur ce que ça prend pour rester en vie, avec un band qui s’appelle Guhn Twei, qui parle des choses qui nous tuent, c’est fort. »
UNE TOURNÉE MARATHON
Guhn Twei est sorti début août d’une impressionnante série de neuf concerts en dix jours, dans huit régions. Un calendrier bâti plusieurs mois avant la controverse dans laquelle ils se sont trouvés au printemps après l’annulation de leur prestation au AlienFest. Le public a été au rendez-vous, mais Simon Turcotte insiste : « Juste de faire ce que je fais présentement au lieu d’être enfermé à l’hôpital, il y aurait quatre personnes et je serais heureux pareil […]. D’être encore là à faire quelque chose que j’aime, que des gens aiment assez ça pour sortir de chez eux pour venir le voir, pour moi, ça vaut tout l’univers. Voilà qui ne se compte pas en nombre d’écoutes ou de billets vendus. »
Guhn Twei sera du Revolution Fest le 11 octobre prochain à Montréal.