Dans son dernier ouvrage J’ai déjà fait sourire un douanier, paru en avril aux éditions Stanké, Samuel Larochelle raconte ses aventures de voyage, mêlant fragments autobiographiques et réflexions sur l’art de l’exploration.

C’est le ton sympathique, léger et effronté que l’on remarque en premier. Soutenu par une prose poétique à la fois rythmée et épurée, le ton est d’une accessibilité qui fait sourire. On s’y sent chez nous. « C’est extrêmement clair, accessible, parce que je refuse de faire de la littérature qui se prend pour une autre et qui laisse les gens de côté », admet l’auteur. Néanmoins, une certaine richesse émane discrètement du fond de l’œuvre : lorsque l’on porte attention aux fragments réflexifs de J’ai déjà fait sourire un douanier, on découvre un discours profond sur l’importance du voyage pour la prise de conscience des privilèges et pour la croissance personnelle.

Une légèreté équilibrée

« Je suis un gars qui a le bonheur facile… et qui a la mélancolie plus grande que la moyenne, avoue Samuel Larochelle. Je m’amuse à dire que j’ai une face de gentil qui peut se permettre beaucoup d’effronterie! » L’auteur manie avec aisance cette légèreté innée, qu’il équilibre avec une réflexion engagée sur le privilège d’être blanc et les entraves à la liberté de voyage pour les personnes queer. L’auteur prend le temps de souligner que, bien qu’il bénéficie de ce privilège, il est conscient de certaines injustices. « Quand j’ai les cheveux longs […], on me fouille trois fois plus, dans les aéroports. On fouille mes cheveux, entre autres, pour voir si je cache des choses. Ce n’est pas vrai que tous les humains sont égaux dans les aéroports. »

Malgré cette constatation, le narrateur ne se gêne pas pour témoigner de la témérité et de l’audace, ayant notamment pratiqué l’art du baiser français au Brésil et profité d’une plage nudiste à Vancouver, dans le fragment intitulé Les dangers du pinou bronzé. « La singularité de ma plume, c’est l’équilibre entre la légèreté et le drame… avec un petit côté engagé. »

Fierté et volonté de grandir

Samuel Larochelle admet qu’il « n’était pas outillé pour vivre les chocs culturels. C’est seulement il y a environ un an que j’ai compris que [la fierté] était ma ligne directrice, le petit fil rouge qui traverse tous les textes. » Le titre de l’œuvre en témoigne d’ailleurs. Une fois l’ouvrage parcouru, le titre révèle son importance comme un moyen d’affirmer : je suis à la hauteur. Je peux accomplir de nombreuses choses que je ne croyais pas possibles… y compris arracher un sourire à un agent des douanes!

L’aspiration de l’auteur à évoluer en tant qu’individu jusqu’à la fin de sa vie le pousse à sortir de sa zone de confort. « Je ne veux jamais me contenter de ce que je suis. Voyager, c’est une des meilleures façons de faire grandir notre cœur et notre esprit », exprime-t-il. C’est dans cette optique de croissance personnelle que Samuel Larochelle prévoit une résidence artistique à la Maison Authier d’Amos pendant le mois de juillet, afin d’explorer la connexion entre le développement personnel et l’environnement géographique. Il plongera ainsi dans un nouveau projet d’écriture explorant l’appartenance au territoire d’origine.