Il avait quitté la région et sa ville natale de La Sarre pour les études, au cégep du Vieux Montréal, une formation en sociologie et travail social.  

« Je fréquentais alors des artistes. En fait, j’ai toujours été intéressé par le monde des arts. Alors j’ai finalement été m’acheter un ensemble chez Omer de Serres, et mon travail du bois a commencé », résume Michel Drapeau. 

Il avait alors environ 21 ans.  

Depuis maintenant une cinquantaine d’années, il raffine ses techniques : tour à bois, frise, burin, un peu de pyrogravure. Michel Drapeau ne compte pas les heures dans son petit atelier à quelques pas de la maison. Il s’y rend tous les jours. 

« J’improvise et je me laisse prendre au jeu. Il n’y a pas une pièce pareille. J’aime les couleurs, les amalgames de bois. Chaque bol est une création », confie-t-il. 

Arrondi, bien lissé, fonctionnel, mais aussi œuvre d’art. Dans les grains, comme dans les nœuds ou les nervures du bois qui se révèlent parfois dans les détails de chaque pièce, il est possible de percevoir tout l’amour du créateur et la minutie du travail bien fait. Michel Drapeau est un artiste, certains ont même déjà dit un « magicien des bois ». 

Membre du Conseil des métiers d’arts du Québec, il a participé quelques fois au Salon des métiers d’arts – même si ça l’ennuie un peu et qu’il préfère ses moments de création dans son atelier – et ses œuvres sont disponibles dans différents points de service de la région, à Amos, La Sarre et Rouyn-Noranda. 

La petite boutique Flore Abel, dans le Vieux Noranda, est l’un des repères où trouver les œuvres de Michel Drapeau. C’est d’ailleurs avec une affection à peine voilée qu’il annonce que de nouveaux arrivages sont prêts pour la vente. « C’est au tour du petit baquet de conquérir le cœur des tricoteuses chez Flore Abel », peut-on lire sur la page Facebook Drapeau tourneur sur bois. 

Rieur et enjoué, Michel Drapeau se montre réservé, ce qui ne l’empêche pas de communiquer sa passion. La fierté s’entend comme elle se voit. S’il a exploré d’autres matières, c’est le bois qui lui parle le plus. Une matière qui se travaille bien, qu’il a su apprivoiser et qu’il respecte au point d’éviter, au maximum, le gaspillage. Réutilisation et juxtaposition : tout est possible. 

Pour créer, il prend plaisir à faire des agencements d’essences et s’assure de procéder de manière responsable et sans perte. « Je récupère et je recycle beaucoup. De vieilles tables, de vieilles chaises et même les retailles me sont parfois utiles. J’ai besoin de façonner. J’aime aussi jouer avec les formes, convexes et concaves, ce qui permet de créer des effets de lumière. » 

Crédit photo : Jean Caron

DES BOLS À LAINE 

« Ces temps-ci, je travaille des bols à laine », lance-t-il. 

Jolis, travaillés, pièces uniques, ces bols évasés présentent une petite incision sur le côté. Il est alors possible d’y glisser un brin de laine et de déposer au fond l’écheveau, la boule ou la pelote qui peut ainsi se dérouler, sans que le fil s’entremêle. Le produit connaît un franc succès. « Ma blonde en avait reçu un en cadeau », commence-t-il, et de fil en aiguille, on comprend qu’il a, en quelque sorte, amélioré le modèle. 

Sa passion, Michel Drapeau a su la partager. Son fils, Michel Jr, est informaticien, mais fait aussi des coffres à bijoux en bois et son fils Louis est charpentier. Il ajoute que sa fille Camille évolue plutôt dans la sphère sportive. 

L’inspiration, Michel Drapeau sait la saisir lorsqu’elle se présente. C’est avec plaisir et passion qu’il se laisse porter. Il peut arriver, au détour d’une exposition ou à la demande d’une cliente pour adapter une œuvre, qu’il accepte d’explorer une piste. « Une fois, une dame s’est arrêtée et m’a demandé, “Pourrais-tu me faire une urne avec cette pièce-là?” Je n’y avais pas pensé. Je l’ai fait et j’en ai fait d’autres par la suite », mentionne-t-il candidement. 

« Un ami m’a dit un jour, “Je te vois davantage dans quelque chose de manuel qu’assis derrière un bureau”. Il avait bien raison! », résume Michel Drapeau. 

Crédit photo : Jean Caron

Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.