Fraîchement publié le 16 septembre dernier, le nouvel album jeunesse d’Andréa Girard suit la trace de son tout premier, soit une œuvre divertissante, éducative et s’inspirant de faits vécus.
Avec Benjamin se promène la nuit, l’auteure démystifiait le phénomène du somnambulisme qui n’a rien à voir avec ce que l’on voit au cinéma, soit l’enfant endormi, les yeux fermés, qui déambule dans la maison, les bras en avant, tout en gardant le silence. L’histoire s’inspirait de celle de son fils aux prises avec de sérieux problèmes de somnambulisme.
Cette fois, c’est sa fille qui est à l’origine de son inspiration. Rosalie souffrait d’hydronéphrose de grade 4, en d’autres mots, d’un grave problème aux reins. Elle a dû subir quatre opérations en cinq mois, dont la dernière a été un véritable cauchemar puisque, en raison d’une résistance aux médicaments, elle n’était pas complètement endormie. Sur la table d’opération, elle pleurait; dans la salle de réveil, elle hurlait. C’est dans cet état qu’Andréa a retrouvé sa fille. À la suite de cette journée, des accès de colère se sont manifestés chez l’enfant. « Elle frappait son frère et sa sœur, elle hurlait facilement. Bref, ce n’était plus la même », raconte la mère.
Pendant deux ans et demi, la gestion de la colère a été un travail quotidien. Stratégies, outils, livres, etc., rien ne fonctionnait pour Rosalie. C’est à travers sa formation de yoga pour adultes qu’Andréa a fait la découverte de la mudra de la colère. « Je lui ai présenté la version que j’avais apprise – et on s’entend ici qu’elle était habituée à faire des exercices de respiration, donc c’était un ajout – et elle a tout de suite aimé ça. Elle l’a modifiée à sa façon et elle m’a dit que c’était la première fois qu’elle sentait qu’elle avait le pouvoir de bloquer sa colère qui montait dans ses jambes. »
L’album jeunesse Rosalie attrape sa colère d’Andréa Girard, illustré par Mel Parker et publié aux Éditions de l’Apothéose, présente donc la manifestation de la colère chez l’enfant, les cinq missions à accomplir pour une meilleure autogestion, ainsi que les étapes de la mudra, un geste rituel qui permet à Rosalie d’attraper sa colère pour ensuite l’éloigner d’elle. « Ceci dit, je précise […] qu’il n’y a pas de remèdes miracles. L’autogestion des émotions chez les enfants prend du temps et c’est un long cheminement de s’auto-observer, se connaitre pour se gérer. Le livre est un outil parmi d’autres, mais c’est la première fois que la mudra de la colère est proposée pour les enfants, autrement que dans un cours de yoga peut-être. » Diplômée en enseignement au préscolaire et au primaire et étudiante à la maîtrise en psychopédagogie-orthopédagogie, on sent que les compétences professionnelles de l’auteure font partie intégrante de sa démarche d’écriture. Fait intéressant, les deux albums jeunesse d’Andréa Girard sont écrits et publiés en écriture cursive; Benjamin se promenant la nuit étant le premier livre au Québec utilisant ce type d’écriture.