Madeleine Perron aime l’ombre. L’intérêt que l’on peut porter à son parcours la surprend. Elle s’accomplit dans les coulisses et trouve que cela est bien ainsi. Le feu des projecteurs? Bien peu pour elle.
Et pourtant… on ne fait pas meilleure pionnière que cette femme qui a été la première coordonnatrice du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. Pendant sept ans, de 1985 à 1992, elle a bâti l’évènement que l’on connaît aujourd’hui. Tout était à faire et Madeleine Perron a contribué à définir à la fois le poste, la nature même du Festival et l’image de celui-ci, autant nationalement qu’internationalement. Bien entendu, elle laisse la direction artistique à d’autres, mais l’organisationnel la passionne. Elle en parle d’ailleurs comme une ouvrière : ce qui l’intéresse, c’est réaliser les rêves, rien de moins. Elle laisse les autres rêver et elle met leurs rêves en œuvre, elle leur permet d’exister.
Après son passage au Festival, elle a continué à bâtir : durant huit ans comme responsable de l’administration et de la promotion pour l’Orchestre symphonique de l’Abitibi-Témiscamingue et six ans en tant que coordonnatrice à l’administration de L’Écart. Après un bref passage au ministère de la Culture et des Communications du Québec, elle prend les rênes du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue en 2002 en tant que directrice générale, poste qu’elle occupe toujours aujourd’hui.
On ne sent pas d’essoufflement chez elle; elle a encore l’enthousiasme des novices. « Ce que j’aime du milieu de la culture, c’est qu’on ne s’ennuie jamais. Il y règne une grande liberté qui fait en sorte que la surprise est permanente. Quand tu penses que tu as tout vu, quelque chose de nouveau arrive, tout le temps », insiste-t-elle.
Elle dit souvent : « Rêvez, rêvez, après on verra jusqu’où on peut aller ». C’est pourquoi elle se considère comme au service de ces rêves, et non pas porteuse de ceux-ci. D’où sa préférence pour l’ombre.
Cette amoureuse de l’organisation n’aime pourtant pas les cases que, parfois, la gestion de personnel entraîne. « Je vois les gens avec qui je travaille comme des collaborateurs, et nous sommes tous au service du but à atteindre. Cela fait en sorte que les définitions de tâches sont modulables pour moi », précise-t-elle. Bref, pour Madeleine Perron, la tâche n’a pas à être modifiée en fonction de l’organisation, mais c’est bien l’organisation qui doit s’adapter à la tâche. C’est une façon de voir le travail de gestion de moins en moins courante.
Madeleine Perron s’inquiète un peu pour l’avenir de la culture en Abitibi-Témiscamingue. Elle craint qu’après de belles années de développement et de financement, les lendemains de pandémie ne soient pas nécessairement enchanteurs. La culture est toujours un milieu fragile; l’essentiel pour elle est de rester vigilante et d’être à l’écoute du milieu.
Elle reste toutefois optimiste et constate avec satisfaction le chemin parcouru par la culture dans la région depuis ses débuts au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. Un chemin qu’elle a contribué à paver.


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