Carnets de dessins, esquisses d’argile, photos d’œuvres, sculptures de grès et de bronze… L’exposition Rose-Aimée Bélanger | Du grès au bronze : 40 ans de sculpture propose une rétrospective de la carrière de cette artiste franco-ontarienne dont l’œuvre se dénombreraità plus d’un millier de pièces. C’est au Musée d’art de Rouyn-Noranda (MA) que l’on peut en admirer quelques-unes depuis le 28 octobre dernier.
DU DON À L’EXPOSITION
Il y a environ cinq ans, le MA recevait un don : La rêveuse, une sculpture de Rose-Aimée Bélanger. À partir de ce moment, une relation privilégiée s’est développée avec Jean Bélanger, le fils de l’artiste, responsable de la diffusion de l’œuvre de sa mère.
Au départ, l’exposition devait être relativement modeste. Au fil des discussions, le projet a pris de l’ampleur, de sorte que l’exposition actuelle est une véritable tour d’horizon de la production de Mme Bélanger, aujourd’hui âgée de 99 ans. La soixantaine d’œuvres exposées présente le parcours artistique et atypique de la sculptrice. On y découvre son évolution à travers les grandes étapes de sa création. « C’est la plus ambitieuse rétrospective jamais faite pour Rose-Aimée Bélanger », mentionne Jean-Jacques Lachapelle, directeur général et conservateur en chef du MA.
Dans la biographie nouvellement publiée, Rose-Aimée Bélanger à l’ombre des chuchoteuses, on apprend que l’artiste est de nature plutôt discrète. Elle n’a qu’une passion, celle de la création. Elle se soucie peu du marketing et de la vente de ses œuvres. Elle réagit avec étonnement chaque fois que les gens la reconnaissent, s’intéressent à sa carrière et achètent ses œuvres. Pourtant, son nom est familier dans le milieu. Selon M. Lachapelle, elle est assez connue à Rouyn-Noranda. Plusieurs personnes lui ont parlé d’elle, notamment des gens ayant déjà visité son atelier à Earlton ou qui avaient vu ou entendu parler de son exposition à Rouyn-Noranda dans les années 1980.

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LES RONDES
Visiter l’exposition, c’est assister à la transformation de ses personnages de ses premiers modelages jusqu’au succès fulgurant de ses sculptures en bronze. « Ses personnages sont devenus moins caractérisés. Ils sont devenus plus des icônes. C’est ce qu’elle appelle les rondes. Elle [aime] le volume, travailler sur les rondeurs […] Il y a une position très féministe par rapport à la présence des femmes. Elle a mis en scène beaucoup de femmes entre elles, dans des complicités très, très fortes. Des femmes qui s’octroient du plaisir, qui sont bien leur corps et dans leur esprit. Elles aiment s’occuper d’elles… fumer une cigarette, tomber endormies en lisant un livre, mettre des bas de nylon, cueillir des bleuets, ne rien faire. »
Le directeur du MA parle aussi de l’importance accordée à la disposition frontale des sculptures. « Quand on est au centre de la pièce, toutes les pièces nous regardent, ce qui fait en sorte qu’elles ne dialoguent pas entre elles, ce que je trouvais important; sinon, on a l’impression de détourner l’attention parce qu’en fait, chacune est vraiment captée dans un moment très intense de concentration. Elle est concentrée sur le plaisir qu’elle s’octroie. Les avoir mis face à face, ça aurait brisé l’unicité de chacune. »
Le MA présente l’exposition jusqu’au 15 janvier 2023.


Auteur/trice

Originaire du Témiscamingue, Dominique Roy est enseignante au secondaire depuis 1999. Elle complète actuellement une maîtrise en éducation spécialisée en formation à distance. Sa grande passion : la langue française. Ses passe-temps préférés : lire et écrire. D’ailleurs, elle rédige des articles à la pige pour quelques journaux et magazines depuis plusieurs années en plus de conceptualiser, rédiger et réviser des ressources pédagogiques. Son premier article pour L’Indice bohémien, elle l’a écrit en octobre 2011, et cette collaboration perdure depuis tout ce temps.