Sœur Thérèse Pagé est tout un phénomène. Née en 1919 en Mauricie, elle est de ces pionnières qui ont fait des études, et ce, même jusqu’à l’Université de Montréal. L’amour de la musique, de la culture et de la justice, ainsi qu’une grande volonté d’être une femme indépendante (à une époque où les jeunes filles n’avaient pas autant de choix et de chance qu’aujourd’hui) l’amènent à entrer chez les Sœurs de l’Assomption de la Sainte-Vierge, probablement une façon de faire grandir et de faire chanter sa passion, et d’arriver à la partager comme un chant de liberté. Sans vraiment en connaître la véritable signification, elle suit la « Nanikana », c’est-à-dire l’Harricana, la voie principale de l’Abitibi. Sœur Thérèse Pagé s’est impliquée de moult façons en tant qu’agente de développement pédagogique dans notre belle région.
En 1999, elle reçoit un prix de reconnaissance pour son implication, tant musicale que sociale, envers sa communauté. Depuis, on a créé le prix hommage Thérèse-Pagé, qui récompense ceux et celles qui, par leur passion en éducation, leur implication et leur dévouement, laissent, comme cette grande femme de cœur, des souvenirs et même des vocations.
LAURÉATE 2022
Lynda Poulin ne cherche pas à attirer la lumière sur sa personne. Elle est de cette lignée de femmes passionnées qui brillent par les étincelles qu’elles suscitent et les voix qu’elles invitent à voyager, à grandir et à rêver. Je l’ai légèrement bousculée et mise sous les projecteurs alors qu’elle est encore étonnée et sans voix de recevoir le prix hommage Thérèse-Pagé. Lynda Poulin a l’âge de son cœur et de sa candeur, et elle mérite amplement qu’on lui lance des fleurs.
Cette grande dame aborde la vie les bras grands ouverts. Elle ne craint pas les défis et suit son cœur là où il l’emporte. Elle a le talent et la force de s’inspirer de l’air du temps et de laisser s’envoler sa voix. Son enthousiasme et sa volonté de bien faire les choses font que tous celles et ceux qui la côtoient veulent s’impliquer à ses côtés.
Lynda Poulin fait ses études à l’Université de Montréal en musique et en chant. Elle offre ensuite sa voix à plusieurs mises en scène orchestrales. C’est là qu’elle rencontre Yoland Nadon, originaire d’Amos. Après un coup de foudre alimenté par leur passion commune, les tourtereaux décident de s’établir à Amos en 1987, au moment où tout s’amorçait dans la communauté, où tout était encore à imaginer, à concevoir et à rêver.
Lynda Poulin devient professeure de musique dans différentes écoles. Elle prend ensuite la relève de la chorale Les Piccolos. Elle suit des formations afin de perfectionner son art et de mieux diriger cet instinct de partage et de bienveillance auprès d’une jeune clientèle. Son amoureux, pianiste de formation, s’implique également et, curieusement, se met à l’orgue (petit clin d’œil du destin?). Celui-ci a été élève de sœur Thérèse Pagé et la remplace à l’occasion comme organiste à la cathédrale d’Amos.
LA DIPLOMATIE DU CHŒUR ET DU CŒUR
Lynda est une femme remplie d’humilité. Pour elle, la satisfaction est d’avoir su s’entourer, apprendre et partager ce grand amour qu’est la musique. Elle et ses collaboratrices et collaborateurs allaient même jusqu’à véhiculer certains membres des Piccolos qui n’avaient pas de moyen de transport. L’enseignante et son précieux Yoland se donnaient corps et âme afin d’offrir à de jeunes enfants l’occasion de mieux se connaître, de trouver leur place en groupe, d’avoir un sentiment d’appartenance et de développer leurs pleines capacités. Ouvrir la voie n’est pas donné à tout le monde. Gérer des émotions et des particularités demande du doigté. N’est pas chef d’orchestre qui veut. La rigueur, l’empathie et les qualités du cœur sont, je crois, ce qui caractérise Lynda Poulin et celles et ceux qui l’ont côtoyée.
Lynda Poulin mérite cette lumière jetée sur sa personne, lumière qu’elle partagera, j’en suis certaine, avec celles et ceux qui ont croisé son chemin. Sœur Thérèse Pagé doit sûrement chanter de fierté et de joie avec moi.