« L’œil est le premier cercle; l’horizon qu’il forme est le second; et dans toute la nature, cette figure première se répète sans fin. » *
– R. W. Emerson.
Nomadland. Si vous avez vu ce film réalisé par Chloé Zhao en 2021, vous avez peut-être ressenti qu’il s’agissait-là de l’ultime road movie.
Pour moi, Nomadland n’est pas l’évocation d’un intense road trip un brin hippy à la Easy Rider (s’cusez mes références de boomer) faisant la partie belle aux anges de la route.
Il y a davantage à voir et à comprendre ici. C’est l’inexorable rouleau compresseur du capitalisme sauvage qui est dépeint au travers du parcours du personnage incarné par Frances MacDormand, l’actrice principale. Une femme qui a tout perdu à la suite d’une fermeture d’usine et qui prend la route dans son van en quête de petits boulots et de rencontres avec les autres damnés de la crise économique de 2008.
Elle donne une réplique géniale qui, en gros, veut dire : « Moi, sans abri? Non, juste sans maison! »
Et, plus loin, alors que tout à coup la vie lui permettrait de jeter l’ancre, elle préfère retourner à sa vanette, au nomadisme.
Pas de #VanLife ici émis par un quelconque influenceur en Westfalia sur son compte Instagram. Juste une façon de comprendre le monde et d’échapper à un destin linéaire.
Il y a des gens comme ça : l’errance plutôt que la vie en perpétuelle quête du bonheur en 36 paiements. Il y a des gens comme ça et il y a parmi eux des jeunes comme ça. Selon certains chercheurs en migration interrégionale, 4 % à 8 % des jeunes répondants à une enquête se déclarent à la recherche d’une socialisation différente, un peu à la façon du personnage principal de Nomadland. C’est la base sociologique du road trip.
Il y aurait donc des raisons à l’exode et à la migration de nos jeunes qui ne correspondent pas aux habituelles motivations : études, travail, famille et établissement durable.
Dans mon village, il y a Shana.
Shana, au départ séduite par la mode du van life, a adhéré sans le savoir à l’idée de la circularité du monde. Elle accrocherait bien son sac à dos au clou en Abitibi, mais elle veut aussi pouvoir écouter l’appel de la route lorsqu’elle en sentira le besoin. Parce que la Colombie-Britannique, c’est l’aventure, les écologistes qui s’accrochent héroïquement aux arbres anciens qu’ils veulent protéger et la semaine de ski dans les Rocheuses qu’elle se paiera en plantant des arbres à son tour. Le beat, quoi!
Mais elle voudrait tellement s’installer à côté du lac qui l’a vue grandir… Elle pensait à une minimaison à prix raisonnable sur le lot de la famille, près des siens. Mais on fait peu de place aux habitations intergénérationnelles. Sans permis ou dérogation, les formules innovantes d’établissement ne peuvent être tentées.
Shana est ainsi repartie en Colombie-Britannique, mettant de côté son projet d’établissement semi-permanent, quoique toujours déterminée à revenir à son Cloutier natal. Mais pas pour se cantonner dans un boulot de 9 à 5 à tenter de boucler un budget dérisoire dans une région où les salaires trop hauts des mineurs défoncent tout espoir de se trouver un toit à un prix normal.
« Miners rule [Les mineurs règnent] », dirait Elon Musk…
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L’éveil rural ou l’exploration du thème du retour avec Shana dans un balado près de chez vous…
Elle-même de retour dans la région depuis peu, Camille Dallaire discute du thème des enjeux de la ruralité nouvelle. Une conversation entre Shana et Camille s’installe autour des questions d’établissement qui les préoccupent.
Les jeunes issus de la ruralité sont-ils davantage en phase avec le territoire et conscients que la vie comme la nature est un cercle perpétuel comme l’écrivait l’essayiste Ralph Waldo Emerson?
La société régionale saura-t-elle accueillir à nouveau ses filles et ses fils prodigues avec des mesures facilitant l’établissement?
Et puis, traitant de toponymie et de musique, Benoît Beaudry-Gourd, historien, et Félix B. Desfossés, journaliste culturel, ajoutent leurs contributions à ce portrait évolutif de la vie rurale d’ici.
Pour écouter notre premier cocorico, rendez-vous sur la page Facebook « Cloutier Dynamisme contagieux ».
