Bonjour, je m’appelle Marjolène. Je ne suis pas immigrante, non, mais je suis nouvellement arrivée en Abitibi-Témiscamingue, et ce n’est pas rien! J’arrive du sud, là où il fait chaud longtemps, où le chasse-moustique est une option. Et j’habite à Rouyn-Noranda, ou « Loin-Noranda », comme nous disons dans ma famille. Ma famille, elle, est restée au chaud, et moi, je suis partie dans « le fin fond du trou du cul du monde », comme j’aime dire. Vous allez me dire, « Pourquoi? » Eh bien, c’est l’amour évidemment!

Oui, l’amour d’une personne, mais maintenant, c’est l’amour d’une région.

Bon, ça n’a pas toujours été le cas. Ne soyez pas offensés, mais c’est difficile d’arriver en Abitibi-Témiscamingue! La première fois que j’ai mis les pieds dans la région, il faisait un temps gris, il mouillassait. Je vois au loin des montagnes, « enfin des montagnes, wow! » En m’approchant, je vois que c’est la ville de Malartic. La montagne, c’est une mine à ciel ouvert. « Quelle horreur, c’est le Mordor ici! » me suis-je dit.

J’avais des attentes. Je croyais que l’Abitibi-Témiscamingue, c’était le parc de La Vérendrye. Et je me rendais compte que les villes et villages qui défilaient devant mes yeux étaient, comment dire, industriels, gris et bruns, froids, sans trop de verdures. Je n’y retrouvais pas le cachet des petits villages du sud du Québec.

J’ai été déçue, je vous le confesse.

Ça m’a pris du temps avant de l’aimer, ma région. Le gros défaut : c’est loin. C’est loin de ma famille. J’ai souvent « braillé » je l’avoue. Je suis une petite sensible, une petite nature comme on dit.

Cela m’a fait songer à la résilience des immigrants qui changent carrément de pays. Ils ne parlent souvent pas la langue, ils ne connaissent pas les us et coutumes du Québec. Faire seulement l’épicerie peut être un défi pour eux! Et surtout, ils sont loin de leur famille. Ils ne connaissent souvent personne. Nous sommes tous d’accord pour dire que l’isolement et la solitude sont extrêmement difficiles.

Vous vous demandez pourquoi je reste en Abitibi-Témiscamingue. Eh bien ce sont les gens, cette communauté. Je dois admettre que ce n’est pas dans tout le Québec que les gens sont aussi accueillants.

Les gens ici ont un sentiment d’appartenance tellement fort à leur région. Tout le monde en parle tellement en bien, avec fierté. On a le goût de s’attacher à elle et d’en être fier aussi.

L’Abitibi-Témiscamingue, c’est comme une personne que tu rencontres et avec qui tu as envie de tomber en amour.

Aujourd’hui, je me surprends à dire à mes proches qu’ici, le ciel est merveilleux, « c’est celui sur la carte soleil! » Et les lacs, c’est comme être dans un chalet à longueur d’année. Je me suis même attachée au paysage lunaire, rocailleux de Rouyn-Noranda. Bien que je sois nouvellement arrivée en Abitibi-Témiscamingue, je suis fière de ma région moi aussi, et je sens que j’appartiens à la communauté.

Et moi qui voulais repartir dans mon ancien patelin!

C’est amusant parce que je travaille actuellement à la Mosaïque interculturelle et je contribue avec fierté à la construction du sentiment d’appartenance des nouveaux arrivants à leur belle région. C’est ce que j’appelle, redonner au suivant.


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