Pour les gens qui ne sont pas familiers, il est difficile de comprendre la place prépondérante occupée par la culture au sein des communautés anicinabek. En fait, on la retrouve partout puisqu’elle se vit au quotidien : c’est une façon de vivre, de penser et d’agir. En ce sens, les secteurs de la santé et de l’éducation sont très actifs. Par exemple, en santé, beaucoup de culture est utilisée en lien avec la parentalité, la guérison et la santé mentale. En éducation, il n’y a pas de centre de services scolaire, c’est-à-dire que chaque communauté est libre d’élaborer son programme avec les conditions de diplomation québécoise. On voit alors fleurir des cours d’anicinabemowin, des sorties scolaires qui soutiennent des activités traditionnelles (chasse, trappage, pêche, raquette, canot, ateliers d’artisanat, etc.), des classes avec des aînés, des classes de plein air, etc. Tout cela est incorporé dans un programme scolaire bien ficelé et équilibré entre l’enseignement traditionnel et contemporain.
On peut également remarquer le dynamisme des communautés anicinabek par l’organisation d’événements culturels tels que les pow-wow, les semaines ou les journées culturelles, la tenue de festivités pour la Journée nationale des autochtones, etc. De plus, les organisations culturelles comme la radio ainsi que les artistes s’assurent de produire, de développer et de diffuser la culture. Mais la réalité actuelle est qu’en plus d’en faire la mise en valeur, il faut aussi trouver des solutions afin de la sauvegarder.
UN PROJET PILOTE
Depuis l’année 2018-2019, le ministère de la Culture et des Communications (MCC) a élaboré un projet pilote qui s’est concrétisé en une entente triennale dès 2019 pour embaucher et former des agents de développement culturels autochtones dans chaque communauté du Québec. En ce moment sur le territoire de l’Abitibi-Témiscamingue, les communautés de Kebaowek, Wolf Lake, Lac-Simon et Long Point bénéficient de ce programme.
LE MANDAT
Le mandat premier de l’agent de développement culturel est de s’informer de tout ce qui se passe en matière de culture dans sa communauté. De plus, cette personne doit s’informer de ce qui se passe en culture ailleurs, dans les autres communautés anicinabek et même à l’échelle régionale. Elle a la responsabilité de bâtir un plan culturel pour la communauté. En d’autres mots, elle s’assure que des projets voient le jour, qu’ils aient des suivis et surtout qu’ils soient déterminés en fonction des priorités de la communauté.
LES IMPACTS
Il y a une dizaine d’années, le MCC avait instauré un projet similaire pour les municipalités en créant des postes d’agents de développement pour le patrimoine. Les répercussions avaient été importantes puisque les milieux avaient compris l’importance d’une telle personne-ressource et cela avait contribué à la pérennisation d’un tel poste à l’échelle municipale.
Aujourd’hui, que des personnes anicinabek soient appelées à travailler sur les projets culturels de leur communauté est porteur d’un avenir prometteur. Pour la nation anicinabe, le fait d’avoir plusieurs agents de développement culturel pourra permettre de créer des échanges positifs entre les communautés tout en créant une boîte à outils en gestion de projets adaptée au milieu. Minwashin, un organisme culturel anicinabe, offrira une expertise à cette table de travail, d’échanges et de partages.