À l’automne2015, la tension entre Autochtones et allochtones était à son comble à Val-d’Or, à la suite d’un reportage de l’émission Enquêtes présentant des témoignages de femmes autochtones au sujet dabus et dintimidation de la part d’agents de la Sûreté du Québec. Face à la situation, la ville a choisi de poser plusieurs gestes visant à améliorer les relations entre les communautés. Ses deux premières actions ont été la Déclaration de Val-d’Or en décembre 2015, visant à « contrer la violence, le racisme et la discrimination [et à] favoriser les échanges culturels, sociaux et économiques », et la formation du comité de lutte au racisme et à la discrimination en janvier 2016. 

 

La première mission du comité a été de brosser un portrait du racisme et de la discrimination à Val-d’Or. Outre certaines conclusions attendues concernant les relations autochtones-allochtones, on recensé plusieurs situations de discrimination envers les nouveaux arrivants issus de l’immigration. « Les nouveaux arrivants issus de l’immigration, particulièrement africaine, sont en forte augmentation à Val-d’Or depuis 2010 », explique Paul-Antoine Martel, conseiller en relations avec les milieux et coordonnateur du comité. « Ça amène des défis auxquels on ne s’attendait pas nécessairement parce que si les racines de la discrimination sont les mêmes que pour les Autochtones, les solutions doivent être différentes. » 

 

Après avoir établi un premier plan d’action en 2018, Val-d’Or a adhéré formellement à la Coalition des municipalités inclusives, un réseau de 82 villes canadiennes ayant comme objectif la lutte à la discrimination. De son côté, le comité a contribué, avec ses partenaires, à l’organisation de formations sur les réalités culturelles autochtones et sur la gestion de la diversité en entreprise, à des activités de médiation culturelle et à l’établissement du poste de police communautaire mixte autochtone. 

 

Poursuivant sur sa lancée, le comité mettra en place cet automne une procédure de signalement et d’accompagnement destinée aux victimes et aux témoins de racisme ou de discrimination. La procédure permettra de signaler ces situations par l’entremise d’un formulaire Web ou une ligne téléphonique. Les personnes qui le souhaitent pourront ensuite recevoir un service d’accompagnement de la part d’un réseau de partenaires de la Ville afin de corriger la situation. « On va beaucoup encourager les gens à utiliser les lignes de signalement, même anonymement, parce que ça va nous éclairer sur les sources de discrimination à Val-d’Or et nous aider à planifier des mesures en conséquence », précise Paul-Antoine Martel. 

 

Il reste évidemment du chemin à faire à Val-d’Or comme ailleurs dans la région : les personnes immigrantes et autochtones sont surreprésentées dans les difficultés d’accès au logement ou à l’emploi et les nouveaux arrivants peinent souvent à se constituer un réseau dans la région. Qu’à cela ne tienne, Paul-Antoine Martel est optimiste. « C’est sûr que la situation n’est pas encore parfaite à Val-d’Or, mais on a l’avantage d’être déjà en action. Est-ce qu’on peut arriver à construire des communautés réellement inclusives dans la région? Personnellement, j’y crois », conclut-il.