Claire Bergeron fait partie de ces auteures qui n’ont plus besoin de présentation. Son lectorat est bien établi dans la région. L’Abitibienne qu’on a connue et appréciée avec Les amants maudits de Spirit Lake, Les enfants de Putainville et Le crime de Sœur Marie-Hosanna, entre autres, est de retour en 2020 avec sa toute dernière publication, Mirages sur la Vallée-de-l’Or.

Encore une fois, l’écrivaine est fidèle à son genre : le polar romantique sur trame historique. C’est dans le Val-d’Or des années 50 que l’action se déroule. Trois enfants au quotidien tourmenté se lient d’amitié. Richard, jeune Autochtone, vit avec sa mère Agathe Nikweto. Celle-ci habite à l’extérieur d’une réserve pour permettre à son enfant de poursuivre des études et de réaliser son rêve de devenir ingénieur. Même si cette décision permet à Richard d’éviter le cauchemar des pensionnats, chaque jour, sa mère et lui doivent affronter la dure réalité des préjugés raciaux. Etienne, lui, vient tout juste de s’établir à Val-d’Or avec son père Nathan. Loin des siens qui vivent à Québec, Nathan doit faire le deuil de sa femme, et Étienne, celui de sa mère, cette dernière ayant volontairement choisi de vivre sans eux, par égoïsme et désintérêt. Sophie, quant à elle, habite seule avec son père alcoolique depuis le décès de sa mère. Le lourd secret qu’elle porte perturbe chacune de ses nuits. Ainsi, les trois mousquetaires unissent leurs forces. À toutes ces épreuves s’ajoute une enquête policière visant à élucider le meurtre d’une bourgeoise réputée et sans histoire. Le récit est touchant et captivant.

Pour l’auteure, il était clair que la réalité autochtone allait être au cœur de l’intrigue. « Au départ, je voulais écrire sur le pensionnat autochtone de Saint-Marc-de-Figuery. Mais après un voyage en Abitibi, invitée par le maire du village, monsieur Daniel Rose, et avoir rencontré des gens qui avaient travaillé au pensionnat, j’ai trouvé qu’il s’agissait d’un sujet encore trop sensible. Une rencontre avec un sage autochtone, monsieur Richard Kistabish, a confirmé mon impression. Aussi, j’ai situé mon intrigue à Val-d’Or, tout en conservant un clin d’œil au pensionnat de Saint-Marc », explique-t-elle. Son défi : s’assurer que son roman respecte les peuples autochtones. Pour ce faire, elle a demandé à Natacha Rankin Tanguay, une Anicinabe de Pikogan, de lire son roman. Celle-ci a été enchantée par l’intrigue ,qui tend vers la réconciliation et révèle la grande force des femmes autochtones.

Madame Bergeron se dit particulièrement fière et émue des messages qu’elle a reçus, entre autres celui de monsieur Gaétan Gros Louis, un Huron natif d’Abitibi. « C’est la première fois que j’adresse des félicitations à un auteur québécois. Je viens de terminer la lecture de votre magnifique et émouvant roman. J’ai lu votre œuvre sublime en quatre jours, entraîné par la trame envoûtante et dramatique. Bravo! Vous m’avez fait verser des larmes. » Une dame lui a aussi écrit pour lui dire que ce roman devrait être à l’étude dans les classes du secondaire afin de conscientiser les jeunes au racisme envers les Premières Nations. Chose certaine, Madame Bergeron semble avoir relevé son défi avec brio.


Auteur/trice

Originaire du Témiscamingue, Dominique Roy est enseignante au secondaire depuis 1999. Elle complète actuellement une maîtrise en éducation spécialisée en formation à distance. Sa grande passion : la langue française. Ses passe-temps préférés : lire et écrire. D’ailleurs, elle rédige des articles à la pige pour quelques journaux et magazines depuis plusieurs années en plus de conceptualiser, rédiger et réviser des ressources pédagogiques. Son premier article pour L’Indice bohémien, elle l’a écrit en octobre 2011, et cette collaboration perdure depuis tout ce temps.