Nous vivons dans un contexte mondial de tensions raciales excessivement vives. Entre autres choses, les morts tragiques d’Afro-Américains aux États-Unis et, plus près de nous, de celle de Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette, ont fait remonter à la surface cet enjeu si fragile et important qu’est la présence du racisme systémique dans notre société.
On peut alors facilement comprendre l’importance pour La Mosaïque, organisme d’attraction, d’accueil et d’intégration des nouveaux arrivants à Rouyn-Noranda, la Ville de Rouyn-Noranda et le ministère de l’Immigration de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) de s’unir afin de mettre en place des moyens favorisant l’ouverture et l’accueil de la différence.
La Mosaïque organise des activités d’accueil et d’intégration : souper de Noël, épluchettes de maïs, balades en forêt, etc. Dans le contexte de pandémie, elle a aussi dû se réinventer. La production d’un court métrage est devenue le format privilégié pour sensibiliser les gens à ce délicat sujet. De là est née l’idée de donner la parole aux personnes ayant vécu, à divers niveaux, du racisme systémique, sans pour autant nommer ces mots qui trop souvent ferment le dialogue en dérivant vers un débat sémantique. On parle de vocabulaire, habile béquille nous préservant de la culpabilité, mais qui occulte l’humain derrière le mot. Cette parole, le cinéaste Dominic Leclerc, artiste de l’année de la Ville de Rouyn-Noranda, est allé la chercher et l’a mise en images.
Il propose le portrait de « vrais Abitibiens d’origine immigrante ». Il a décidé d’aborder le sujet par son aspect fondamentalement et concrètement humain. Son pari : faire en sorte que le spectateur s’attache aux personnages et à ce lien commun qu’est notre région et l’amour que l’on partage pour elle. Cet attachement révèle notre humanité. Les personnages qu’il a choisis présentent notre région à leur façon, avec leur poésie. Des métaphores cinématographiques enseignent cette ouverture et cette humanité nécessaires pour casser notre peur de l’autre et de la différence et combattre le racisme. Ainsi, la forêt rappelle l’enracinement et la variété des espèces qui vivent en collectivité. Celui qui nous accueille sur le tarmac à l’aéroport est un immigrant. Le cinéaste a choisi ses personnages pour raconter aussi un territoire humain.
Pour lui et pour La Mosaïque, le fil conducteur du projet est l’amour du territoire, ce territoire, point commun entre tous ceux qui le partagent : Autochtones, allochtones ou primo-arrivants. De voir comment des immigrants aiment et soignent notre espace géographique et humain ne peut que faire naître une connivence entre tous.
Au moment d’écrire ces lignes, neuf personnes immigrantes avaient pris part au projet : jeunes, moins jeunes; travailleurs essentiels, communautaires, culturels; artistes, etc. Des gens d’un peu partout qui nous racontent des histoires tristes, mais aussi des histoires remplies de force, d’espoir et de beauté.
Le film a été lancé en octobre dans la cadre de la Semaine des rencontres interculturelles et sera disponible pour être vu sur le Web.
Un visionnement nécessaire, plus que jamais.