Il faut se souvenir de notre histoire depuis « l’arrivée ». Nous avons accueilli les arrivants selon nos valeurs. Nous sommes des Anicinabek. Nous avions notre manière de vivre, notre mode de vie. Nous étions en harmonie avec notre environnement. La description que faisaient ces arrivants de nous est éloquente et surprenante. Certaines personnes disaient que nous étions los in dios, les « enfants de Dieu »! Les Indiens!

Par la suite, nous sommes devenus des « moins que rien ».

Ces arrivants ont entrepris un travail colossal. Ils voulaient que tous les Indiens disparaissent! Rien de moins.

Un « travail marathon ». La dépossession territoriale totale et complète : nos territoires, nos droits, nos institutions, nos cérémonies, nos rituels, etc. Et le point final de ce travail : les enlèvements d’enfants de leur famille vers les pensionnats.Tout ce processus s’étale sur des décennies. Il efface graduellement nos mémoires et le remplace par la colonisation. Nous mettons fin à nos activités de mode de vie. On nous impose de nouvelles cérémonies, de nouveaux rituels. Pour finir, on nous impose des langues étrangères. Les mots en anicinabe disparaissent lentement. Les effets de ce processus sont dévastateurs. Ça affecte nos âmes! Je nomme aujourd’hui ces Indiens « les grands brûlés de l’âme ».

La culture, aidée par la langue, est l’une des voies de guérison. Le retour vers l’identité anicinabe. Nous commençons un autre marathon de recouvrement. Ce marathon est un immense défi.

Ndeboèdann! J’y crois! I believe!

Cette chronique est réalisée en collaboration avec Minwashin.