[Tous les vendredis, Fednel Alexandre va à la rencontre d’un membre de la scène artistique et culturelle régionale pour L’Indice bohémien.]

Cette semaine, nous rencontrons François Bédard du Cirque des frères Collini. François est un bourlingueur. Mais c’est aussi un optimiste, qui prend la vie comme elle vient. Le confinement l’empêche de partir se la jouer Ulysse 2.0 ? Le spectacle sur lequel il travaillait d’arrache-pied pour nous le présenter cet été est repoussé à une date inconnue ? Il attrape la Covid en début de pandémie ? Ce n’est pas grave. Il ne se morfond pas comme Du Bellay évoquant, nostalgique, les joies du voyage dans ses Regrets. Il attend le bon vent : il fait du montage, prépare un documentaire, se rêve technicien en application d’antirouille. Il trouve même le temps de partager avec nous les titres de sa liste d’écoute.   

LE QUESTIONNAIRE

F. A. : Ta définition du confinement ?

F. B. : Outre le négatif dont on est tous conscients, pour moi, c’est une grande période de ralentissement global, de repos, une pause qui, selon moi, fait du bien à la planète et à nous. L’occasion en or de ralentir notre rythme pour un tempo plus sain.Pour ma part, c’est une mise à jour, je reconnecte avec plusieurs aspects de moi que j’avais laissés en latence.

F.A. : As-tu l’impression de réussir ton confinement ?

F. B. : Je ne pense pas qu’on « réussit » ou « échoue » le confinement : on le vit, simplement. Chacun peut le vivre de la façon qui lui convient, soit on est dans l’ultra production ou complètement amorphe à ne rien faire. C’est une pause simplement, un temps d’arrêt qui nous est donné pour faire ce qu’on veut.

F.A. : C’est quoi une journée réussie pour toi en période de confinement?

F. B. : Ça dépend des jours. Vraiment.Quand j’avais la COVID, chaque jour était une réussite, quoi que je fasse [Rires]. Mais les journées ou j’ai fait le tour à Mario Bros 3 et Donkey Kong Country sur mon vieux Nintendo étaient particulièrement spéciales ! [Rires]. Sinon, en ce moment, je recommence à travailler sur mes projets, je me donne des objectifs chaque jour, j’essaie de m’entrainer pour ne pas tout perdre quand les choses vont reprendre. Je pratique mon espagnol, mon ukulélé. Tant qu’à ne rien pouvoir faire, j’essaie de trouver des façons de ressortir de la crise avec plus de connaissances et de compétences, sans virer fou avec ça. C’est un virage à 180 degrés avec la période où j’étais malade ! J’essaie quand même de m’assurer de prendre du temps pour relaxer à travers ça.

F.A. : As-tu le moral?

F. B. : Oui. Je peux même dire que ça va bien !  Dans les premières semaines du confinement, j’ai attrapé la COVID, qui a causé une grande fatigue/épuisement. Je dormais toujours et je n’avais aucune motivation à faire quoi que ce soit, mais depuis que c’est passé, les choses se sont replacées. Je me suis beaucoup reposé et ça va bien ! En fait, j’ai plusieurs projets qui étaient en stand by depuis des années à cause du temps investi dans le cirque. Là, je peux me remettre à faire du montage vidéo de mes années de voyages. D’ailleurs, je suis en train de travailler sur un documentaire sur un refuge pour animaux en Bolivie que je souhaite finaliser depuis plusieurs années.

F.A. : Une chose que tu ne peux plus faire depuis le confinement mais que tu as hâte de pouvoir refaire ?

F. B. : Les soirées de swing qu’on venait tout juste de démarrer avant le début de la crise ! Il y avait un bon nombre de participants. C’est dommage d’avoir dû arrêter. Aussi, l’aspect social, les rencontres, tant pour un souper entre amis que pour des entrainements de cirque, tout ça me manque. 


 


F. A. : Une chose que tu regrettes de n’avoir pas fait avant le confinement ?


    


F. B. : En fait, je n’ai pas tant de regrets. J’ai maintenant le temps de faire ce que je ne prenais pas le temps de faire avant le confinement ! [Rires] Tout s’équilibre au final.

F.A. : Quelque chose que tu as appris depuis le confinement ?

F.B. : C’est plutôt quelque chose que je VAIS apprendre. Je m’apprête à réparer des spots de rouille sur mon véhicule ! Ça va être un apprentissage ! [Rires]

F.A. : Quelque chose que tu as découvert chez toi depuis le confinement ?

F.B. : J’ai découvert que la vie de travailleur autonome ressemble en certains points à la vie de confiné! 

F.A. : Une lecture, un film ou une chanson pour personnes confinées ?

FILM : Capitaine fantastic ! C’est un film qui fait le portrait d’une famille qui vit d’une façon alternative, plus en harmonie avec l’environnement. Plutôt inspirant pour moi et sujet qui cadre drôlement bien avec les questionnements que nous devrions avoir en cette période de crise.

LIVRE : Une fille pas trop poussiéreuseCe livre fait le portrait d’un Québec postapocalyptique. Il est super bon. C’est dans le thème, mais rien de très « hop la vie » pour ceux qui sont un peu démoralisés par la crise. Il faut peut-être attendre avant de se lancer dans cette lecture ! [Rires]

MUSIQUE : À la première semaine de la crise, je me suis fait une « Playlist Pandémie ». Il se trouve que ma préférée pour le moment est d’un artiste local ! C’est la chanson « Apocalypso » de Louis-Philippe Gingras ! Ça donne toujours envie de danser et de sourire quand je l’écoute !

Autres titres de cette liste de lecture :

It’s the end of the world as we know it, REM


Radioactive, Imagine Dragons


Le Dôme, Jean Leloup


Banana boat (Day-O), Harry Belafonte (toutes les chansons de cet artiste en fait!)


 


Ci-dessous, François en confinement et quelques photos du spectacle qui était en préparation pour le mois de juin (Crédit Dominic McGraw):


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