Finaliste pour le prix du public TVA Abitibi-Témiscamingue aux Prix d’excellence en arts et culture, Nadia Bellehumeur n’a jamais pu assister à la soirée de dévoilement des lauréats le 6 avril à La Sarre puisque l’événement a été annulé dans la foulée de la pandémie de la COVID-19.
Néanmoins, L’Indice bohémien lui consacre la une afin de creuser plus à fond les racines de son histoire culturelle, ancrée dans le Témiscamingue.
C’est avec son roman jeunesse C’est juste une joke que Nadia Bellehumeur s’est taillé une place dans la courte liste des finalistes, un pour chacune des MRC. Elle rivalisait avec Lucille Bisson (série de romans jeunesse, MRC de la Vallée-de-l’Or), Pierre Labrèche (conte, MRC d’Abitibi), Roger Pelerin (bandes dessinées, MRC d’Abitibi-Ouest) et Nicolas Lauzon (recueil de poèmes, ville de Rouyn-Noranda).
« J’écris depuis que je suis très jeune », commence-t-elle. Les balbutiements de son aventure littéraire ont germé dans un concours de poésie, alors qu’un de ses textes s’est retrouvé dans un recueil collectif.
Son roman jeunesse, C’est Juste une joke, fait suite à une approche des Éditions Z’ailées, qui lui avaient demandé d’écrire sur l’intimidation.
« Je trouvais que le sujet avait été largement traité, mais j’ai fini par dire OK, je vais le faire, mais je veux que vous me laissiez carte blanche ».
Histoire de sortir un peu des sentiers battus, elle s’est attardée à mieux comprendre la psychologie des intimidateurs.
« J’ai fait beaucoup d’entrevues pour ce roman-là auprès d’intervenants scolaires et de la santé pour avoir une idée. J’ai aussi rencontré aussi des jeunes qui faisaient de l’intimidation », ajoute la mère de trois adolescents, déjà sensibilisée avec le sujet par la force des choses.
« J’ai voulu le prendre sous l’angle de l’intimidateur parce que je trouvais que l’on avait déjà beaucoup traité du point de vue des victimes. Je désirais aborder l’autre côté, celui de l’intimidateur afin de comprendre ce qui le pousse à faire ça, quelle est sa psychologie, comment il chemine dans sa tête et comment il vit avec ce qu’il fait », précise Nadia Bellehumeur.
Le livre a par la suite été utilisé comme catalyseur pour plusieurs discussions.
« Les discussions ont été plus difficiles avec le livre suivant, Maudit cash, qui parle de la pauvreté. Les participants semblaient moins ouverts à parler de pauvreté. C’est une réalité plus difficile à faire passer », estime-t-elle.
DES PROJETS EN PAUSE
La pause imposée par la pandémie de la COVID-19 a assurément mis plusieurs projets en suspens.
« Pas de sorties littéraires, les salons du livre qui ne fonctionnent pas, tout ça retarde plusieurs projets », résume Nadia Bellehumeur.
Le Salon du livre de Québec devait servir de rampe de lancement pour une nouvelle publication, mais cette sortie a été remise.
« Cela dit, je ne suis pas auteure à temps plein, j’ai un autre travail à côté de ça. Je suis directrice de la Société de développement du Témiscamingue et toute l’aide aux entreprises, dans le contexte actuel, a une grande importance. Les entreprises fermées, les fonds d’urgence, les besoins de liquidités, comme je travaille en financement d’entreprises, je dirais que nous sommes pas mal sollicités », résume-t-elle.
Entre le boulot et les projets d’écriture, une partie du travail littéraire peut s’effectuer.
« Pour l’écriture, ça ne change pas, mais le travail en arrière avec les maisons d’édition et pour les librairies, ce n’est pas vraiment possible en ce moment », nuance l’auteure.
UNE PLUME TÉMISCAMIENNE
« Le premier mot de mon premier roman était Laverlochère. C’était où j’habitais à cette époque-là », raconte Nadia Bellehumeur.
Née à Saint-Eugène-de-Guigues, elle a fait un bref passage à Rouyn-Noranda pour les études, avant de s’exiler à Trois-Rivières pour les mêmes raisons.
« J’avais commencé un bac en travail social parce que je ne voulais pas quitter mon territoire. J’ai dû me résoudre à partir parce que le domaine d’études où je voulais aller n’était pas disponible dans la région. Je suis allée vivre trois ans à Trois-Rivières, mais dans la perspective de revenir. » Ce retour était cristallisé avant même de faire ses valises.
L’attachement au territoire est très fort pour Nadia Bellehumeur.
« C’est pour l’espace qu’on y trouve. On le voit avec un contexte comme la COVID, on est tellement mieux dans une région comme la nôtre », affirme-t-elle.
Et strictement d’un point de vue littéraire, elle y voit aussi des avantages.
« De l’inspiration pour l’écriture jusqu’à la recherche, c’est tellement plus facile dans un contexte rural. On peut parler plus facilement aux gens. Par exemple, on connaît le directeur de l’école, donc on peut avoir accès plus facilement avec des intervenants ou des jeunes, c’est précieux pour écrire », explique-t-elle.
Après C’est juste une joke et Maudit Cash, qui étaient orientés vers les adolescents, Nadia Bellehumeur aimerait bien tenter le coup vers un public adulte.
« Un livre sur l’intimidation telle que vécue par les personnes âgées. C’est un sujet que j’aimerais traiter. La maltraitance chez les aînés est en soi un sujet très large. Et mis à part ça, je n’ai pas de thématique particulière, sinon d’explorer! »