Le 4 octobre dernier, sous le thème « De la dénonciation à la réconciliation », le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or organisait, pour une 7e année consécutive, la Vigile des Sœurs par l’Esprit afin d’honorer les vies des filles et des femmes autochtones disparues ou assassinées ainsi que leurs familles[1]. En cette journée de vigile nationale, le Centre d’amitié commémorait la force, la résilience et le courage des femmes autochtones et, plus particulièrement, de nos sœurs de Val-d’Or qui ont publiquement pris la parole en 2015 pour dénoncer les abus perpétrés à leur égard par des policiers.

Une cérémonie empreinte d’émotion rassemblant plus d’une centaine d’invités et de dignitaires nous aura permis de clore le chapitre sur les « événements de Val-d’Or », non seulement pour les femmes, mais aussi pour ceux et celles qui ont vécu de près ou de loin ces événements. Nous avons d’ailleurs salué les gestes concrets posés par la Ville de Val-d’Or et visant à rétablir la confiance et à cheminer vers la guérison et la réconciliation.

Cette vigile se tenait alors que le commissaire Jacques Viens venait tout juste de rendre public le rapport de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics, issue des événements de Val-d’Or, et à peine 48 heures seulement après que le premier ministre Legault ait présenté des excuses publiques pour les préjudices causés aux Autochtones et aux femmes autochtones.

Dans son rapport, le juge Viens s’adressait d’ailleurs aux femmes de Val-d’Or : « Un merci tout spécial aux femmes de Val-d’Or dont les témoignages à la caméra ont permis d’éveiller les consciences et de porter à l’attention du Québec tout entier une discrimination et une violence malheureusement bien réelles. Quand, certains jours, au détour des horaires chargés, l’énergie venait à faiblir, votre courage m’a porté. J’espère qu’il saura aussi inspirer nos décideurs, tant allochtones qu’autochtones, à l’égard des suites à donner aux appels à l’action proposés. »

La beauté du monde se révèle parfois dans les moments les plus inattendus et, alors qu’autour de nous tout semble sombre, voilà qu’apparaissent des sources de lumière. Ces sources apportent réconfort, nourrissent l’espoir et apaisent nos cœurs dans les moments troubles.

C’est précisément ce qui s’est produit à Val-d’Or, alors que de nombreux témoignages artistiques sont parvenus aux femmes autochtones par l’intermédiaire du Centre d’amitié depuis 2015. Que ce soit par la musique, la peinture, la poésie, le tricot, le collage, les artistes, artisans et artisanes ont su transmettre leur solidarité, leur bienveillance et leur amitié à l’égard des femmes autochtones par l’entremise de leur créativité et leur talent. C’est d’ailleurs par l’art qu’on a souhaité rendre hommage aux femmes pour leur courage et leur signifier que leur lutte ne serait pas oubliée, que de cette lutte émergent de nombreuses sources d’espoir par lesquelles une réelle réconciliation s’amorce.

La cérémonie du 4 octobre a donc été l’occasion d’inaugurer le monument Kikisokite8e8ak (elles ont été courageuses, en langue anicinabe), création de l’artiste Chantal Nottaway-Simard. Sous la symbolique des quatre directions, Kikisokite8e8ak témoigne des étapes de la vie à travers quatre profils de femmes prenant part à un cycle se renouvelant de génération en génération. Érigé sur une base solide comme le roc, ronde comme le tambour, gardien du battement de cœur de la mère-terre, le monument perpétue le droit à la parole. Ces femmes ont enfin été écoutées et entendues.

[1]Dans le cadre de la Journée nationale de commémoration à la mémoire des femmes et des filles autochtones assassinées ou disparues, des rassemblements sont organisés à travers le Canada afin d’offrir un moment de recueillement pour apporter appui et réconfort aux familles de celles-ci.