Lorsqu’on s’intéresse de près ou de loin à l’environnement, on a forcément déjà entendu parler des concepts qui gravitent autour du terme biodiversité. Ces concepts sont plus souvent associés à une espèce menacée ou à la sixième extinction de masse que l’on vit en ce moment, mais la biodiversité se retrouve aussi dans notre assiette, alors parlons de diversité culinaire!
Choisir ce que l’on met dans son assiette, c’est choisir de manger bio ou non, c’est choisir de manger local ou non, c’est choisir de manger des aliments sans OGM ou non, et c’est aussi de diversifier son alimentation. Qui n’a jamais éprouvé de plaisir en découvrant un poivron mauve qu’on n’a encore jamais goûté, une variété de fraises cultivée avec soin par des producteurs de la région et qui explose de saveurs quand on la croque? Saviez-vous que plus 15 000 variétés de tomates ont été recensées à travers le monde selon Lili Michaud, auteure de La tomate de la terre à la table? Malheureusement, toutes ces variétés ne sont pas adaptées à la production de masse et à l’agriculture industrielle, et sont donc souvent oubliées et menacées de disparaître.
La dégradation de l’environnement, la simplification et l’autonomisation des régimes alimentaires ont gravement affecté le nombre total d’espèces végétales et animales dont l’être humain dépend pour se nourrir. Le récent engouement au Québec pour le jardinage individuel, les microfermes écologiques et les circuits courts permet de ramener la diversité sur la place publique. De la même façon que la biodiversité est essentielle au maintien des écosystèmes, l’agrobiodiversité joue un rôle essentiel dans la satisfaction des besoins des populations humaines en matière de nutrition, de santé, de culture et d’économie.
En 2017, Bianca Bédard a écrit un texte dans cette même chronique pour vanter les mérites de la consommation locale. Elle affirmait que « en plus d’être agréable et surprenant, consommer local favorise également l’économie locale. En choisissant des produits régionaux, vous permettez aux artisans locaux et à l’économie locale de prospérer, tout en ayant des produits de qualité, respectueux de l’environnement ». De plus, une consommation écoresponsable contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le transport.
D’autre part, la consommation n’est qu’une partie du système alimentaire. Ce système considère aussi la production, la gestion après récolte, le stockage, la transformation et la commercialisation. Dans ce contexte, il est indispensable de formuler des politiques alimentaires qui garantissent l’approvisionnement des aliments en quantité, en qualité et à des prix abordables pour les consommateurs.
En 2015, l’Organisation des Nations Unies (ONU) adoptait un programme de développement durable dans lequel plusieurs objectifs touchent la nutrition et la biodiversité. Par exemple, l’objectif 12 suggère de prôner des modes de consommation et de production responsables. Les initiatives à grande échelle sont très diversifiées. Par exemple, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) propose des programmes sur la protection et l’amélioration des ressources génétiques afin de garantir la préservation de variétés de grains à grande valeur nutritionnelle. De même, la Convention sur la diversité biologique (CDB) présente l’approche par écosystème, laquelle est une stratégie de gestion intégrée des terres, des eaux et des ressources vivantes qui favorisent la conservation et leur utilisation durable. Cette approche vise à remédier à la crise alimentaire mondiale, à augmenter la résilience des populations face aux changements climatiques ainsi qu’à faire valoir les connaissances traditionnelles des peuples autochtones.
La question qui se pose : est-ce que les choix de consommation que nous faisons au quotidien peuvent contribuer aux efforts des initiatives internationales qui tentent de garantir une alimentation durable?