Léonard de Vinci nous a quittés il y a 500 ans cette année. Génie dont la portée est intemporelle, il a incarné la fusion entre les univers mécanique et artistique. C’est chez le sculpteur Verrocchio à Florence, en Italie, que le prodige fait ses débuts en 1469.

Dans sa récente biographie, Walter Isaacson cite un auteur contemporain de Léonard au sujet de cette ville : « La belle Florence rassemble les [..] qualités essentielles d’une ville parfaite. […] Elle jouit d’une liberté complète. […] Elle est traversée par un fleuve aux eaux claires et pures et possède des moulins en ses murs. […] Elle gouverne des châteaux, des villes, des terres et une population. […] Elle possède une université où le grec et la comptabilité sont enseignés. » L’auteur ajoute une ultime condition : elle compte des maîtres dans tous les arts.

Tout comme Isaacson, je suis convaincu que cela s’applique encore aujourd’hui, bien que les moulins ne soient plus ce qu’ils étaient et les fleuves aux eaux pures, non plus. Les villes d’aujourd’hui désireuses d’atteindre le statut de ville intelligente devraient s’inspirer de la dernière condition essentielle, celle qui touche la maîtrise des arts, en y incluant le numérique. Si les artistes étaient nombreux dans la Florence de 1470 c’est qu’il y avait suffisamment de commandes artistiques des dirigeants, les Médicis et consorts, pour démarrer des ateliers, lesquels embauchaient des apprentis de tous domaines, dont un certain Léonard.

Voilà l’assise : il faut développer, dans notre région, des ateliers virtuels et matériels pour favoriser l’apprentissage du numérique sur une base multidisciplinaire et populaire. Il faut favoriser l’apprentissage en ligne.

Si vous me permettez la comparaison, quand le Mile-Ex s’est développé en tant que quartier du numérique à Montréal, c’est peut-être un peu parce que des politiciens visionnaires ont cru qu’Ubisoft pouvait engendrer le développement de compétences en conception numérique. Et maintenant, la recherche en intelligence artificielle y prend racine. Et en Abitibi-Témiscamingue? Laurent de Médicis qui présidait la république florentine n’est pas passé dans le coin depuis un sacré boute! D’ici à ce qu’un dictateur éclairé nous enrôle dans un tel mouvement de fond, il y a un palier intermédiaire possible.

Dans ma dernière chronique, je proposais que notre territoire se dote d’une charte du numérique. Vous étiez d’accord, n’est-ce pas? Tout comme vous avez acquiescé aussi à la nomination d’un médiateur régional du numérique itou?

Concrètement, ça pourrait ressembler à quoi? Atelier de fabrication collaboratif (fab lab), démarche agile… Ah aussi : le hackathon, tiens! Celui de l’UQAT tenu en 2017 au Petit Théâtre du Vieux Noranda est un exemple intéressant.

Hackathon (soit un marathon de programmation en français), définition Wiki svp? « [Il] désigne un événement où un groupe de développeurs volontaires se réunissent pour faire de la programmation informatique collaborative, sur plusieurs jours. C’est un processus créatif fréquemment utilisé dans le domaine de l’innovation numérique. »

Alors imaginez, un marathon de programmation en français ou l’on développerait, en une fin de semaine, une banque de connaissances sur le territoire anicinabe, un jeu vidéo avec des joueurs de hockey reproduisant les vedettes originaires de la région… Genre all-time, all-stars hockey team de la région.

De Vinci a fait fleurir ses talents dans la cité-État de Florence. S’il n’avait pas été embauché dans l’atelier d’artiste de Verrocchio, nous n’aurions peut-être jamais eu La Joconde.


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