Le 11 mars dernier, la ministre déléguée au Développement économique régional était de passage dans la région. En entrevue à l’émission Des matins en or, sur les ondes d’ICI Abitibi-Témiscamingue, elle affirmait que selon elle, il est primordial de : « Faire le développement économique dans le respect de l’environnement ».
Interrogée à propos du projet Sayona alors que l’on nageait encore dans l’incertitude de la décision du ministre de l’Environnement en ce qui concerne le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), elle a affirmé : « Pour moi, c’est clair que j’ai une préoccupation davantage au niveau de l’environnement et de l’acceptabilité sociale […] l’économie peut attendre ». L’économie attendra. Une affirmation surprenante, qui ne reflète pas le discours de la classe politique provinciale et fédérale des dernières années.
En 2013, Québec s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 20 % d’ici 2020 et de 37,5 % d’ici 2035, sous leur niveau de 1990. En 2018, l’ancien premier ministre Philippe Couillard soulignait que le Québec devait maintenir le cap des cibles, sans engendrer de pertes d’emplois. Quelques mois plus tard, le premier ministre François Legault affirmait que ces cibles étaient irréalistes pour 2020 et qu’elles étaient reportées à 2030.
Au fédéral, force est de constater que le Canada ratera également sa cible de réduction de 30 % des émissions de CO2, par comparaison aux émissions de 2005, d’ici 2030. Il semble même que l’écart se creuse davantage, alors que le gouvernement fédéral appuie trois projets de pipelines majeurs issus des sables bitumineux.
Aujourd’hui, le parc automobile et le transport de marchandises ne cessent de croître, s’ajoutant aux projets industriels qui menacent d’augmenter significativement les émissions de GES, comme le projet Énergie Saguenay, qui émettrait 7 millions de tonnes de GES annuellement.
Un rapport publié récemment souligne que la pollution de l’air est une source importante de mortalité. On lui attribuerait 8,8 millions de décès par année à l’échelle mondiale. La pollution atmosphérique pourrait avoir des conséquences sur la hausse des problèmes cardiovasculaires, des effets sur le cerveau et sur la fertilité, notamment. Ainsi, le coût économique des problèmes de santé liés à la pollution environnementale est-il supérieur aux coûts des pertes d’emplois dans les secteurs économiques polluants? L’inaction climatique et le développement économique violent-ils les droits fondamentaux des générations futures du droit à la vie et à la sécurité, prévu dans la Charte canadienne et québécoise des droits et libertés? À vous de juger.