Nous sommes en 2007, à Oulan-Bator, capitale de la Mongolie. Il fait un froid brûlant par -28 °C. Ariane Ouellet, artiste multidisciplinaire originaire de l’Abitibi-Témiscamingue, se promène dans les rues, réalisant ainsi un rêve de dépaysement et d’ailleurs vieux de plusieurs années. Au détour d’une rue, elle tombe sur une boutique avec une belle vitrine. Elle s’en approche et découvre, émerveillée, des chapeaux feutrés. Le coup de foudre est fatal. Ce n’est pas peu dire d’une personne qui ne croit pas au coup de foudre. Elle se pâme, frappée d’admiration par tant de beauté. Elle se rend à Karakorum, autre ville de la Mongolie, pour entreprendre un stage en feutrage auprès d’une artisane mongole. Comme tous les coups de foudre, celui-là est instantané, inopiné, mais il s’explique et se comprend.

En effet, Ariane a toujours aimé les textiles et elle est fascinée par les savoir-faire traditionnels. En toute logique, elle a décidé de se mettre au feutrage à son retour en Abitibi-Témiscamingue. Comme dans toutes les grandes histoires d’amour, il y a des défis à surmonter. Dans le cas d’Ariane, il s’agit de trouver de la laine, de la bonne laine pour ses créations.

LE TRAVAIL DE LA MATIÈRE

Le feutrage est une technique de travail de la laine. Le résultat dépend entre autres de la qualité des tissus. Ariane reçoit ses tissus de fournisseurs de Montréal et parfois de l’Inde. Le processus de feutrage comprend trois étapes. Tout d’abord, il y a un travail de conception, qui consiste, entre autres, à sélectionner la laine. S’ensuit le feutrage proprement dit, c’est-à-dire la transformation de la laine. C’est un exercice très physique. L’artisane reçoit la laine en matière brute. Elle la carde, la foule et l’agglutine pour lui donner l’épaisseur souhaitée et la consistance idéale. C’est l’étape la plus fastidieuse dans le processus de création. La dernière étape, la finition, sert à peaufiner l’objet créé en y ajoutant une touche esthétique. Ariane crée surtout des accessoires tels que des foulards, des bijoux et des collets. Les créations feutrées d’Ariane sont saisonnières. Ce sont des pièces uniques.

ARTISANE… VRAIMENT?

Ariane considère sa pratique du feutrage comme une activité connexe, car elle réalise d’autres projets divers et variés. Elle cultive le syndrome de l’imposteur : elle croit ne pas être la personne la mieux placée pour parler de la réalité des artistes en métiers d’art. Cependant, elle pense que ces pratiques traditionnelles ont de l’avenir si les artisans arrivent à sortir des frontières de la région pour aller vers un marché plus grand. Cela peut se faire, notamment, grâce à Internet.

À défaut de se considérer comme une vraie artisane, Ariane continue à parfaire son apprentissage du feutrage. Elle a suivi plusieurs formations depuis son premier stage en Mongolie. Elle a même participé au Festival de la fibre TWIST de Saint-André-Avellin, considéré comme le nec plus ultra du feutrage. Mais elle fait preuve d’une grande modestie et témoigne de beaucoup de respect pour ceux qu’elle appelle les « vrais artisans ». Elle sera aux marchés de Noël en cette fin d’année et le confort de ses foulards feutrés vous donnera certainement le coup de foudre.


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