L’école d’études autochtones de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), un département entièrement consacré à l’enseignement, à la recherche et aux services pour, par et avec les Autochtones est un modèle unique dans le réseau universitaire québécois.
En effet, les études autochtones se trouvent généralement dans les départements d’anthropologie ou de sociologie, ce qui positionne les Autochtones comme des objets d’étude. L’approche de l’École d’études autochtones est complètement différente : de nombreux sujets sont étudiés dans une perspective autochtone.
Étudiant anicinabe originaire de la Première Nation Abitibiwinni, Maurice J. Kistabish est inscrit à la maîtrise sur mesure en sciences humaines, profil études autochtones. Réalisé sous la supervision des professeurs Hugo Asselin (UQAT) et Marie-Pierre Bousquet (Université de Montréal), son projet de recherche s’intitule Résilience et pratiques de résistance face aux politiques de gestion territoriale en territoire algonquin dans un contexte de gouvernance autochtone. « Certaines communautés autochtones au Canada comptent peu de membres et ont des moyens limités pour affronter les compagnies extractives de ressources et les gouvernements provinciaux et fédéral. Néanmoins, certaines de ces communautés sont en mesure de résister aux pressions extérieures », mentionne M. Kistabish. C’est notamment le cas de la communauté autochtone de Wahgoshig, dans le nord-est de l’Ontario, qui compte 332 membres et avec laquelle Maurice a choisi de travailler.
« Ma maîtrise consiste à documenter mes dix années en tant que négociateur. J’ai dû intervenir à quelques reprises dans différents dossiers conflictuels. Mon projet de maîtrise vise donc à documenter ces expériences, à les confronter à d’autres points de vue et à expliquer le phénomène de la résistance des communautés face à des compagnies extractives », explique M. Kistabish.
Le nouveau récipiendaire de la bourse TALENT décernée par le Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones (CIÉRA) n’avait pas mis les pieds dans une université depuis les années 1980. Malgré tout, il a fait le choix de persévérer. « Je ne vois pas mon âge comme un handicap. Je suis heureux d’avoir la chance de partager mon expérience et mon parcours professionnel lors de conférences que je donne régulièrement dans différents cours à l’UQAT et à l’Université de Montréal. »
Fier de ses racines autochtones, Maurice J. Kistabish est à l’origine de la pose du drapeau de la Première Nation Abitibiwinni dans l’Atrium David-Armand-Gourd du campus de l’UQAT à Rouyn-Noranda.
Depuis sa création il y a 35 ans, l’UQAT a toujours entretenu un partenariat privilégié avec les peuples autochtones. Elle est la première université québécoise à placer les peuples autochtones au cœur de sa mission institutionnelle en leur consacrant l’un des six enjeux de ses plans de développement. L’UQAT a aussi été la première à réserver un siège à un membre autochtone au sein de son comité d’éthique de la recherche. De 2006 à 2009, Mme Édith Cloutier, directrice du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or, a été présidente du conseil d’administration de l’UQAT, devenant ainsi la première personne issue des Premières Nations à accéder à la présidence d’une université au Québec. En 2009, l’UQAT inaugurait le Pavillon des Premiers Peuples à son campus de Val-d’Or. En 2016, l’UQAT a eu l’honneur de décerner un diplôme de doctorat en sciences de l’environnement à Mme Suzy Basile, qui devenait ainsi la première personne de la nation Atikamekw à atteindre le plus haut niveau de formation universitaire.
Autres photos : Pavillon des Premiers Peuples par Mathieu Dupuis, M. Maurice Kistabish par Mélissa Roy, Mme Suzy Basile par Chantal Gervais.