Au départ, je ne m’attendais à rien. Je ne connaissais pas l’artiste. La description que j’avais lue avait piqué ma curiosité, mais je nageais en eau inconnue.

La pénombre tombait lentement sur le Rouge Café. Trois musiciens, plusieurs instruments, dont certains m’étaient inconnus. À l’origine plutôt jazz, le groupe s’est formé au fil des ans. Thomas a d’abord rencontré Éric. Ils ont parcouru ensemble différents pays du monde, puis Patrick s’est joint à eux. C’est là que la percussion a donné une dimension nouvelle au trio. Comme nous en avons par après discuté, Thomas et moi, pourquoi vouloir à tout prix stéréotyper la musique? C’est avant tout une histoire de feeling, de passion.

Le spectacle commence. Une projection semi-abstraite apparaît au mur lorsque les premières notes se font entendre. On distingue des animaux et des paysages de brousse. Des cris d’oiseaux et des chants tribaux accompagnent le rythme chaud des pays du Sud. Le pied et la tête s’agitent tout naturellement; c’est la pièce South.

Sans s’arrêter, la musique se transforme et les projections changent de couleur, passant du vert au jaune. La brousse fait place aux dunes… voilà East. Se faisant plus lent, le rythme prend des airs du vent, celui du désert du Moyen-Orient. Les notes évoquent un certain mystère, ensorcelantes. Je sens presque la brûlure du soleil sur ma peau, l’odeur du sable et la douceur de la soie.

Un court répit et doucement montent déjà les sonorités de North. D’inspiration plus électronique, cette pièce me fait penser aux aurores boréales. Les projections s’assombrissent et prennent des teintes bleu nuit. Les notes cristallines tintent comme le scintillement des étoiles, les chants de gorge inuit nous transportant encore ailleurs. L’ambiance rock de la finale rappelle une tempête… puis SILENCE.

Timidement, des notes répétitives et d’autres passagères, une projection rouge, une ballade accélérée en voiture sur un grand boulevard. L’urbaine en moi se sent interpellée par West. Cette sensation de sérénité en constante effervescence. Le temps qui file trop vite. La paix, malgré le chaos. L’urgence de vivre.

Un voyage aux quatre coins du monde, assise bien au chaud dans le Rouge Café de La Sarre, un jeudi soir. Assez original, non?