Agrémentez cette chronique avec cette trame musicale
Il y a quelques mois, le Centre d’aide aux entreprises du Témiscamingue m’offrait un micro pour parler d’une nouvelle (relativement) tendance en entreprise, l’intrapreneuriat.
Je remercie l’équipe du Centre, qui m’a donné la chance d’approfondir ce concept. Beau défi d’y trouver une application concrète.
À première vue, le terme intrapreneuriat pourrait être considéré comme un néologisme un peu blingbling et inventé par un consultant en mal de buzzword ou pire, une double faute de frappe d’un malheureux scribe voulant écrire entreprenariat.
J’ai succombé à cette réaction de doute. Mais voilà, le concept existe vraiment! Plus encore, il répondrait même pour une bonne part à nos enjeux de développement régional.
Le terme intrapreneur se définirait ainsi, selon Ginford Pinchot, qui l’a énoncé en 1976, puis repris en 1992 dans l’American Heritage Dictionary :« L’intrapreneur est quelqu’un qui arrive à transformer une activité innovante en une activité rentable dans une entreprise. »
Démonstration
L’intrapreneur ou l’intrapreneure serait donc un membre de l’équipe d’une entreprise que l’on rémunère afin qu’il développe une nouvelle activité au sein de celle-ci. Parfois, cette personne n’a aucune compétence universitaire ou professionnelle établie en lien avec le nouveau produit. On l’autorise, sous balises, à exploiter une intuition qui pourrait diversifier et développer l’organisation pour laquelle elle travaille.
La société européenne Tefal, connue pour ses batteries de cuisine, a autorisé un jour un conseiller en ressources humaines à lancer en interne une entreprise en économie sociale vouée à recycler les poêlons recouverts de Téflon. Succès retentissant.
La société Post-it, ces petits autocollants jaunes, offre à certains collaborateurs la possibilité de les libérer pour qu’ils développent des projets parallèles pouvant requérir 15 % de leur force de travail.
Plein d’autres exemples inondent le Net. 433 000 résultats se trouvent sur Google pour intrapreneur.
Applications
Ce concept serait-il une façon puissante de démarquage de nos employeurs pour recruter les travailleurs spécialisés qui nous font cruellement défaut en Abitibi-Témiscamingue?
C’est possible.
Selon Tania Saba, dans la revue Gestion*, « les membres de la génération Y [NDLR : j’élargis à ceux que l’on appelle copieusement les millénariaux] cherchent à maitriser plusieurs habiletés distinctes qui leur permettent d’occuper de nombreuses fonctions au sein de l’organisation ».
Évidemment, ce ne sont pas tous les représentants de cette cohorte générationnelle qui sont de potentiels intrapreneurs. Toutefois, ceux qui collent à ce profil, s’ils ne sont pas stimulés par des projets, quitteront l’organisation.
Attraction, rétention
On le sait, attirer et retenir les jeunes dans les organisations, c’est une méchante job!
Comme la cavalerie dans tout bon western, la recherche marketing arrive à la rescousse.
Un sondage réalisé auprès de jeunes québécois de 18 à 37 ans dévoilé en juin dernier sur le site visagesrégionaux. org nous révèle ce qui motive cette population à migrer en région.
Mode de vie et emploi constituent respectivement 43 % et 13 % des motivations des quelque 2000 répondants au sondage. Je présume que ces 2 variables réunies (56 %) devraient nous inciter à développer le réflexe intrapreneurial chez nos entrepreneurs actuels afin de faciliter le recrutement en Abitibi-Témiscamingue.
Car c’est là l’apanage de l’intrapreneuriat : changement, nouveauté, dépassement pour l’employé et fidélisation et diversification pour l’organisation. Win/Win situation, dirait-on en cantonnais.
Qui n’avance pas recule. Le caractère inéluctable de cet adage nous invite à l’action. Il ne faut pas perdre de vue que toutes les régions du Québec sont en compétition pour renouveler leur main-d’œuvre. En fait, c’est l’Occident au complet qui doit escalader la pyramide des âges. Du gros stock.
Et comme les paysages comptent seulement pour 17 % au chapitre des motivations dans le sondage nommé plus haut, il faut se rendre compte que toutes les photos-de-kayak-devant-la-maison-sur-la-brochure ne seront pas suffisantes pour assurer le renouvèlement de notre population active.
Plus d’information: http://visagesregionaux.org/2017/06/11/resultats-sondage-sur-les-18-37-ans-en-region/
*Tania Saba, «Les différences intergénérationnelles au travail : faire la part des choses», Gestion, vol. 34, no 3, automne 2009, p. 138.
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Tout un challenge à relever pour notre homme-musique, à qui j’ai encore demandé de colorer musicalement cette chronique. Voici donc votre ingrédient sonore pour mieux métaboliser le présent texte tel que choisi par Félix B. Desfossés :
Bachman Turner Overdrive—Takin’ Care of Business
Le plus surprenant de ce grand cru du canadian rock, c’est qu’on y retrouve un discours encourageant le public à suivre ses rêves, que ce soit le rêve de devenir une vedette rock ou un entrepreneur. On pourrait penser que ce soit un hymne au capitalisme, au monde du 9 à 5 ou que « takin’ care of business » soit une expression à double sens pour parler d’autres dossiers… Mais il n’en est rien. C’est du premier degré. Takin’ care of business, everyday.
« Get a second-hand guitar / Chances are that you’ll go far / If you get in touch with the right bunch of fellows […] Tell them that you like it this way / It’s the work that we avoid / And we’re all self-employed »