Malgré son allure allongée et effilée, la structure qui s’élève jusqu’à 8 pieds de hauteur n’est pas une bombe, mais bien l’œuvre Embrasure, exposée à Amos depuis 2004 et revenue temporairement au bercail pour y subir une cure de rajeunissement.

Dressée dans l’arrière-cour d’Ariane Ouellet à Rouyn-Noranda, l’œuvre en restauration a suscité la curiosité et attiré les regards de certains qui se demandaient bien ce qui se tramait chez leur voisine, qui a utilisé pas moins de 400 mètres de fils de fer tordus pour compléter son œuvre.

Son travail de restauration aura duré six semaines. Ariane Ouellet a d’abord dû retirer les vieux fils de cuivre rouillés dans une opération complexe et ardue de déconstruction d’un immense tricot métallique.

Initialement créée en 2004, à la demande de la Table de concertation contre la violence faite aux femmes, Embrasure avait été inaugurée un 6 décembre, en mémoire des victimes du drame de l’école Polytechnique de Montréal. L’œuvre étant exposée à l’extérieur, près du pont d’Amos, le temps a fait son œuvre et la sculpture s’est érodée et détériorée.

L’œuvre représente un œuf, symbole de la fécondité et de la féminité, placé dans une cage de métal. Dans l’enchevêtrement de fils, tissés et noués à la manière des liens que l’on crée, l’artiste a pris soin de laisser une ouverture.

« L’idée de la brèche vient de l’imperfection ou encore de la blessure qui guérit et qui laisse des traces », résume l’artiste.

Cet espace au cœur de la sculpture est surmonté d’une cloche qui a le pouvoir d’émettre un signal, de vibrer, de briser le silence.

Parlant de cette cloche, Ariane Ouellet se rappelle la chanson Anthem, de Leonard Cohen, et ce passage en particulier : « Ring the bells that still can ring. There is a crack in everything. That’s how the light gets in. » (Traduction : « Faites sonner les cloches qui peuvent encore sonner. Il y a une fissure en toute chose. C’est ainsi que la lumière peut entrer. »)

« C’est un ensemble de symboles, mais aussi une démarche de tendre vers l’autre, d’aller vers… J’y vois un espoir que la violence, qui détériore, en vienne à cesser un jour », confie Ariane Ouellet.

Dans la version 2017 de l’œuvre, Ariane Ouellet a ajouté des perles dans la couche extérieure de l’œuvre. Ces perles rappellent l’art perlé que l’on retrouve chez les Premières Nations. Le perlage est aussi une référence au travail des femmes et chacune des perles peut aussi représenter des larmes.

Son œuvre terminée pour une seconde fois, Ariane Ouellet a remis sa pièce afin que celle-ci retrouve son emplacement original.

 


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.