On m’a appris à l’école de gestion que la meilleure façon d’administrer se trouvait au point de contact de l’instinct et de l’analyse. (Les diagrammes existent d’ailleurs pour ne pas avoir à endurer de telles phrases.) L’instinct permettrait de s’adapter rapidement, tandis que l’analyse, elle, permettrait de prendre des décisions éclairées.
En fait, sans vouloir corrompre la théorie du Ph. D. qui a mis en veilleuse quelques belles années de bonheur pour travailler là-dessus, je l’élargirais en soutenant que, de façon générale, les bonnes intuitions sont pas mal toujours appuyées sur une solide expérience. Faut pas se mentir, ce n’est pas parce que tu n’es pas conscient de la source de ton inspiration magique que ça signifie que tu es connecté sur Apollon. Si tu souhaites exacerber ta propension aux éclairs de génie, faudrait que tu travailles à en devenir un.
Ça m’amène à vous parler de Catherine Lessard, artiste spécialisée dans l’enseignement des arts aux tout-petits, qui est, selon moi, l’incarnation même de cette idée. Quand tu la rencontres, tu pourrais penser qu’elle a quelque chose de divin, cette femme qui touche chaque enfant avec ses grands yeux clairs et sa douce voix qui apaiserait n’importe quel anxieux chronique. Mais, en fait, comme 100 % des humains, Catherine n’a pas de don. Elle a plutôt un parcours professionnel extrêmement riche doublé d’un amour immense pour les enfants, par qui elle se laisse éclairer quotidiennement.
Lors d’un entretien avec elle, je l’ai questionnée sur le secret de son succès et, dans sa grande humilité, elle m’a confié travailler beaucoup à l’instinct, qu’elle y allait pratiquement par essais et erreurs. Je lui ai alors raconté que j’osais croire que son expérience n’était sans doute pas étrangère à sa réussite, que son feeling était sans doute plus informé qu’elle le laissait croire. Ce à quoi, dans toute sa candeur, elle me répliqua : « C’est vrai, ça fait 30 ans dans le fond que je fais ça. » Merci de corroborer « ma » théorie.
Sur l’expérience
Catherine Lessard est née dans une famille d’artistes. Déjà très jeune, elle a accompagné sa sœur, professeure de danse, comme monitrice auprès des élèves, suite à quoi elle poursuivit un cursus scolaire qui aboutit à l’obtention d’un diplôme universitaire dans cet art du mouvement.
Elle fonda ensuite, dans la métropole, son école itinérante dédiée à la danse en garderie, La petite orteil. Malgré le succès du projet, elle revint en région à la fin des années 90 pour enseigner au Centre de musique et de danse de Val-d’Or. Là-bas, elle offrit des cours de danse pour les enfants du préscolaire et récupéra également la charge de la prématernelle des arts, qui vise à éveiller les petits aux arts plastiques, au théâtre, à la musique et, bien sûr, à la danse.
Dans les années récentes, Catherine s’intéressa au concept de médiation culturelle, qu’elle appliqua à sa clientèle et développa notamment avec sa complice, Marie-Laure Aubin, l’audacieux projet L’enfance de l’art. Celui-ci vise à amener un groupe de jeunes enfants à bâtir une pièce de théâtre qui évoluera sur quelques années, au même rythme qu’eux.
Sur l’instinct
Picasso a dit : « Chaque enfant est un artiste. » Catherine m’a dit : « On n’a pas à vouloir avec les enfants parce qu’ils veulent d’eux-mêmes. On les laisse aller, en les guidant, et le résultat apparait. » (Quand bien même que j’aurai élargi la théorie d’un Ph. D., Catherine aura doublé Picasso.)
Ce qui amarre son succès, qui en fait une enseignante aussi spéciale et aimée de la part des enfants et des parents, est sans doute résumé dans cette simple intervention. J’ai demandé à Maude, maman de deux beaux garçons, Edmond et Albert, qui fréquentent
Catherine avec beaucoup de bonheur, ce qui, selon elle, la rendait si spéciale. Elle m’a répondu : « Madame Catherine permet aux enfants de développer leur propre personnalité, sans limites, sans préjugés. Elle est vraiment à l’écoute de leur esprit créatif (qui parfois sort du cadre) et, surtout, de leurs besoins. Elle leur permet de découvrir et s’émerveiller tout en exprimant l’enfant qu’ils sont réellement. »
Sur les effets de l’art en bas âge
L’impact d’une « Madame Catherine » dans la vie d’un enfant n’est pas à sous-estimer. Elle-même, sans prétention, remarque les retombées de son travail sur les enfants qu’elle a eu la chance de côtoyer. Elle en a vu plusieurs développer l’assurance de leur individualité, apprendre à s’exprimer mais, aussi (surtout), à s’intéresser aux expériences des autres.
Le discours soutenant l’idée que les effets sur l’éveil aux arts en bas âge sont extrêmement positifs fait d’ailleurs de plus en plus de bruit.
En effet, la littérature scientifique fournit plusieurs évidences selon lesquelles la participation active à des activités artistiques durant l’enfance comporte des bénéfices non négligeables sur les plans social et émotionnel. On prétend même que l’art aurait des effets positifs auprès des clientèles plus spécifiques telles que les enfants provenant de milieux défavorisés, ou encore d’enfants diagnostiqués d’un trouble autistique. Alors let’s go, les « Madame Catherine »!
Je me doute bien que si vous lisez cet article et, de surcroit, jusqu’à la fin, je n’ai pas à vous convaincre que l’art, c’est plus qu’une distraction ou un divertissement.
Si vous souhaitez offrir à un enfant de moins de 6 ans que vous aimez beaucoup la chance de vivre une belle expérience artistique adaptée pour lui, je vous invite personnellement à consulter l’incroyable (précisant que je n’utilise pas ce pédantesque adjectif à tout vent) programmation de Petits bonheurs Abitbi-Témiscamingue, qui se déroulera du 2 au 31 mai sur tout le territoire.
Puis, si vous souhaitez leur permettre de fréquenter l’une des meilleures chez nous, qui a choisi la clientèle des tout-petits avec son cœur il y a bien longtemps, sachez que Catherine offrira deux ateliers de danse pour les 3 ans ainsi que pour les 4 à 5 ans le 28 mai dans le cadre de l’évènement.