J’ai eu le privilège de croiser à maintes reprises Françoise David dans ma vie. D’abord à la CSN alors qu’elle était impliquée à la condition féminine, puis au sein d’Option citoyenne et de Québec solidaire. Entre les deux, j’ai suivi avec intérêt son travail lors des grandes marches des femmes quand elle fut présidente de la Fédération des femmes du Québec.
D’aussi loin qu’on puisse se souvenir, Françoise a lutté contre la pauvreté et pour la justice sociale, pour l’amélioration des conditions de vie des femmes et pour l’avancement de l’égalité femmes-hommes. Elle a milité pour bien d’autres choses encore : un Québec inclusif, solidaire, écologiste. Un Québec qui serait un pays libre de ses choix avec en main tous les leviers du pouvoir. Un Québec où la recherche du bien commun serait plus qu’une parole creuse.
Je me souviens d’une journée d’octobre 2000. C’était la fin de la Marche mondiale des femmes contre la pauvreté et la violence à Montréal. Nous étions des milliers de femmes et d’hommes à constater que les revendications de la Marche avaient été presque
ignorées par le gouvernement en place. Françoise et d’autres femmes ont parlé de fonder un parti politique féministe puisque les mouvements citoyens peinaient, seuls, à faire avancer les choses.
Elle avait alors fait l’un de ses discours si clairs, si justes et si inspirants. J’ai ensuite lu ses écrits et suivi la réflexion des groupes D’Abord solidaires et Option citoyenne. Elle a fait partie des gens qui m’ont convaincue qu’un parti politique qui serait présent à l’Assemblée nationale et qui viserait à prendre le pouvoir pourrait faire la différence, qu’«un autre monde est possible».
Bien que ferme dans ses convictions, cette femme intègre et civilisée a su «faire la politique autrement» en ne versant pas dans la partisanerie à outrance et dans l’irrespect de ses adversaires. Son honnêteté et son talent de communicatrice ont éveillé à la chose politique de nombreuses personnes et en ont réconcilié d’autres.
En plus de tout cela, elle laisse en héritage, grâce à son importante contribution à l’émergence et au développement de Québec solidaire, une option de gauche pour ceux et celles qui espèrent une autre voie : celle d’une société plus juste, inclusive, où l’humain prime sur l’argent, où l’on fait attention à l’autre et à notre environnement et où les femmes et les hommes vivent en toute égalité. Françoise a été et continuera d’être une semeuse d’espoir.