Récemment, un petit recueil d’essais politiques intitulé Cinq chantiers pour changer le Québec, publié par l’Institut de recherche et d’information socio-économiques (IRIS), présentait un texte intitulé simplement Territoire.

Cet ouvrage écrit à 6 mains par Louis Gaudreau, Guillaume Hébert et Jenny Laure Sully propose une relecture du développement territorial en remettant en cause l’économie marchande comme seule approche pour engendrer la prospérité. Une remise en question, aussi, en raison de l’effet cocktail qu’ajoute une approche gouvernementale d’austérité.

La stratégie extractiviste est la seule vérité à l’heure où les fonds de soutien au développement des régions sont disparus.

Et comme nous sommes en début d’année et que l’occasion est toute rêvée pour prendre la mesure des changements qui nous impactent, de la vérité qui passe et de tout ce qui reste à accomplir, je vous convie à réécouter ou à écouter (c’est selon l’âge du lecteur) une pièce musicale qui me semble de circonstance : Raôul Duguay, Le voyage. Bonne écoute !

L’approche de nos trois auteurs propose deux principes pour permettre une réappropriation du territoire : localiser et décentraliser la gestion du territoire et baser le développement en fonction du mode de vie (l’usage) plutôt qu’en fonction de sa valeur marchande.

À juste titre, les auteurs estiment que la planification des usages du territoire doit passer par la participation citoyenne, laquelle n’est véritablement efficace que lorsqu’elle s’exerce au palier local. Pour accueillir cette participation de tout un chacun, le trio propose un lieu d’échange qui s’installe grosso modo sur le découpage de nos paroisses d’autrefois, mais avec une vocation civile.

Problème de taille, nous ne disposons plus d’instruments juridiques performants pour réaliser le développement souhaité. Et, ô surprise, un des outils qui ferait l’affaire nous vient des États-Unis ! Il s’agit des OFC, pour organismes foncièrement utiles. Ces structures sont souvent des fiducies à but non lucratif chargées de remettre l’exploitation des sols à des individus ou organisations dont les valeurs correspondent aux choix de développement établis localement.

Notre région a d’ailleurs historiquement eu recours à de telles approches. On n’a qu’à penser à l’Association coopérative immobilière de l’Abitibi-Témiscamingue (ACIAT) créée pour contrer la spéculation sur les terres agricoles au début des années 70.

Autre rappel de notre capacité d’agir, il est bon de savoir que la région a signé une entente-cadre avec le gouvernement du Québec pour la mise en valeur des lots intramunicipaux. Bien sûr, tout n’est pas parfait dans cette dernière expérience de gestion décentralisée. Mais, il n’y a de repos que pour celui qui marche, comme le chante Raôul Duguay.

Bibliographie : Cinq chantiers pour changer le Québec, Institut de recherche et d’information socioéconomique (IRIS), chez Écosociété


Auteur/trice