Samedi, début d’après-midi, heure aléatoire. Je vais cogner chez Mathieu, le genre d’ami dont le cellulaire n’est jamais chargé. Je le réveille avec le projet assez flou d’aller déjeuner. Où donc ? La route nous le dira. La couleur particulière de Radio-Boréale sort des haut-parleurs. Sachant que je peux facilement me rendre à Timmins si on ne me donne pas d’itinéraire, Mathieu a la brillante idée de voir l’horaire des événements sur le site de Tourisme Abitibi-Témiscamingue. Notre choix s’arrête sur le Festival Western de Guigues.

 

Arrêt à Palmarolle pour un déjeuner santé : boisson énergisante, pepperettes, crottes de fromage et eau. Il ne me manque que les Craven “A” pour ressembler à Ricky des Trailer Park Boys. Stones de nourriture malsaine, nous poursuivons notre chemin. J’ai toujours eu de l’affection pour le Témiscamingue, qui ressemble un peu à ma Montérégie natale. Et le country convient totalement pour l’intello-redneck que je suis.

 

Les conversations de voitures ont cette magie qui fait que les sujets s’enchainent, du coq à l’âne, comme un mini-wheat d’intellectualisme rednesque.

 

St-Bruno-de-Guigues. J’ai rarement vu autant de contreplaqués peints à l’effigie des Daltons et de Lucky Luke. Mais nous sommes bien loin de Daisy Town ! Ça bouge, c’est vivant. Le village respire le Festival et la musique résonne dans tous les coins. Je suis dans mon élément.

Sur le site, le bar a aimanté les yeux de Mathieu. « Ça prend une frette ! » Certains sont légers et d’autres dansent dans un tempo désaccordé, s’emmêlant les pieds en une danse moins en ligne que désalignée.

 

Lors du dernier Festival country d’Abitibi-Témiscamingue, j’ai donné mon chapeau à un client du bar où je travaille. Le soleil me tapant sur la tête, je cherche, je m’envoie deux stingers et je trouve LE chapeau que je cherche depuis longtemps, un Cattleman noir. Je suis 33 % plus mâle.

 

Deux bières, un popcorn et un smoked-meat plus tard, mes papilles gustatives sont comblées et nous faisons la file vers le rodéo. En première partie, un éleveur de chevaux montre des tours de dressage avec un cheval particulièrement non coopératif. C’est dommage pour l’homme, mais l’adolescent en moi trouve la situation plutôt hilarante. Le fait que dans ma tête, Bruno Landry commente comme dans Rire et délire n’aide pas à la situation. Mes rires et celui de mes voisins n’empêchent pas le cowboy à la testostérone compensatoire d’être offusqué. Il réussit à la fois à être le coq et l’âne. Il semble irrécupérable ; en vain, il peut retourner dans son F150 monté, prolongation de son… « censure ».

 

Le vrai spectacle commence avec la course de barils. La cavalière et sa monture doivent faire un parcours en forme de trèfle. J’ai toujours eu un faible pour les cowgirls, de véritables athlètes ! Ça demande tellement de travail et de complicité avec l’animal. Adrénaline et vitesse, en deux rounds.

 

Le tout se poursuit avec le rodéo à cheval et à taureau. Pour le premier, une bonne partie des participants réussissent à tenir les 8 secondes demandées. Quant aux taureaux, ils sont si sauvages que personne ne réussit l’épreuve.

 

Le clou du spectacle est le rodéo extrême : Extreme Bull Fighting (dites-le avec la voix de Vince McMahon !). Un épisode de Jackass, en direct ! Le cowboy est laissé dans un enclos avec un taureau et il doit l’éviter pour le plus longtemps possible. « Comment tu réagirais toi si on te serrait les couilles comme ça? » questionne Mathieu. « De la même façon ! Mais si ce serait toi, je suis sûr que tu mettrais des chaps et en profiterait ! » rétorquai-je. Il acquiesce en précisant : « Si c’était, Louis-Éric, si c’était… » L’alcool se marie mal au conditionnel.

 

La fin de soirée, deux stingers trop flous, est embrouillée dans ma tête. Je me souviens avoir dansé et tapé des mains sur Alan Jackson Experience et Pixie Lee Band. Mais… est-ce que quelqu’un peut me dire d’où viennent la cravache et les chaps sur ma banquette arrière ? \


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