– Bonjour David, le Centre d’Exposition de Val-d’Or va présenter l’exposition Clovis — Peuple chasseur de caribous du musée de Sherbrooke cet été. On aimerait avoir du contenu archéologique régional pour complémenter l’expo, est-ce que ça serait un projet qui pourrait intéresser Archéo-08?

– Euh, Clovis, c’est paléoindien, ça ? On n’a pas grand sites de cette période en région. On avait, disons, un petit problème de glacier sur la tête…

– Ouain. Est-ce qu’on peut faire quelque chose quand même ?

– Attends, j’y pense et je te reviens dans quelques jours.

 

C’est un peu la conversation que j’ai eue cet hiver avec Anne-Laure Bourdelaix du Centre d’exposition de Val-d’Or. Comment est-ce qu’on peut faire pour arrimer du contenu archéologique régional à une exposition qui porte sur une période qui n’est guère présente en région ? Le seul site paléoindien (10 000 à 7 000 A.A.1) est celui de Ramsay (DdGq-12) sur les berges du lac Robertson. On ne fait pas une exposition avec un site archéologique n’ayant laissé que peu de traces. Voilà un beau problème à résoudre.

 

L’exposition Clovis — Peuple chasseur de caribous, montée par le musée de Sherbrooke, illustre les modes de vie des Amérindiens de la période paléoindienne dans le sud de la province. Ces pratiques s’articulent en grande partie sur l’exploitation des ressources halieutique et cynégétiques comme le caribou. Comme la région est encore sous le glacier laurentien pendant que la culture paléoindienne est en pleine expansion, l’arrivée de cet animal se fait plus tardivement en Abitibi-Témiscamingue. Avec le lent retrait de l’inlandsis, de nouveaux espaces se libèrent, permettant la colonisation végétale. Dans ces territoires naissants, végétalisés par un écosystème ressemblant à notre toundra actuelle, les caribous étendent leur présence vers les contrées au nord de la vallée du Saint-Laurent.

 

Les chasseurs amérindiens préhistoriques suivent de près cette ressource très prisée et peuplent graduellement notre région. On doit attendre la période de l’Archaïque (7 000 A.A à 3000 A.A.) pour observer des établissements humains plus importants en Abitibi-Témiscamingue. Les objets de leur quotidien abandonnés derrière eux deviendront les artéfacts que les archéologues d’aujourd’hui découvriront.

 

Ces artéfacts parlent aux archéologues et leur permettent de comprendre le quotidien des Amérindiens préhistoriques. L’exposition Nt8attik8e (il chasse le caribou) permet au visiteur un survol de la période de l’Archaïque en Abitibi-Témiscamingue. Suite à une brève introduction à l’environnement postglaciaire, le visiteur a un accès privilégié autant à des artéfacts archaïques retrouvés sur les sites témiscabitibiens qu’à des reproductions. Ces artéfacts illustrent aussi bien la pratique de la chasse que la production des outils en pierre avec une installation présentant le site Kapitchin (DcGp-1). Ce site, localisé à l’entrée du Parc national d’Aiguebelle, constitue un des rares ateliers de taille de pierre retrouvés en région.

 

 
 

– Salut Anne-Laure, je pense que j’ai vraiment une bonne idée pour l’exposition. Comme la région pendant le Paléoindien est sous la glace, on fait une entrée en salle avec un climatiseur pis un rideau transparent pour faire comme si le visiteur était dans le glacier.

– Je ne suis pas certaine que ce soit possible dans l’espace qu’on a, mais l’idée de faire une intro sur la période glaciaire est bonne.


– J’ai accès à des super panaches que mon cousin Louis pourrait nous prêter. La section principale pourrait avoir un mur avec ça en fond pour s’amarrer au thème sur la chasse aux caribous de l’exposition principale. Et pour que les visiteurs soient en immersion dans l’expérience d’un site archéologique, on termine avec une murale de stratigraphie du site Kapitchin.

– J’en parle avec Serge, mais je pense que c’est réalisable. On va faire une belle exposition avec tout ça!

 

Les expositions Nt8atikk8e (il chasse le caribou) et Clovis – Peuple chasseur de caribous sont présentées du 27 mai au 21 août 2016 au Centre d’exposition de Val-d’Or. \

 

[1] Avant aujourd’hui. Comme une partie de la datation est produite par l’analyse du carbone 14 (14C), la base chronologique est 1950.

[2] Ce code de site est un code Borden, soit une nomenclature qu’utilisent les archéologues pour localiser et identifier un site archéologique.