En lice pour le Prix littéraire des collégiens, le roman Six degrés de liberté de Nicolas Dickner présente deux histoires entrecroisées. La première est celle d’Élisabeth Routier, appelée Lisa, et de son ami Éric Le Blanc, adolescent aux prises avec un problème d’agoraphobie. La seconde histoire présente Jay, une employée de la GRC, ancienne hackeuse s’intéressant à la disparition d’un conteneur fantôme.
Le titre
Le titre renvoie d’abord à un principe bien connu des scientifiques ; on appelle « degrés de liberté » les mouvements indépendants de deux solides liés mécaniquement. Ce principe est d’ailleurs respecté par Lisa lorsqu’au moment d’aménager un conteneur dans lequel elle compte voyager, elle « se renseigne sur le mystérieux et terrifiant coefficient de flexion ». Le titre est également mentionné une autre fois dans le roman lorsque Lisa s’aventure dans la pièce cachée de la maison Baskine qu’elle rénove avec son père et qu’elle trouve un magazine ouvert sur un article intitulé Six degrees of freedom. Enfin, sur le plan métaphorique, le titre choisi peut faire référence aux différents degrés de liberté de chacun des personnages.
L’espace
Au début du récit, Lisa et Éric habitent au Domaine Bordeur, tout près de la frontière américaine. Ce parc de maisons mobiles n’a rien d’attrayant pour ces adolescents en quête de nouvelles expériences. Ces derniers notent d’ailleurs l’ironie de la ressemblance entre le mot anglais boredom, signifiant ennui, et le nom Bordeur. L’histoire se déplace ensuite pour Éric, qui doit suivre sa mère au Danemark où il connaitra un grand succès avec son entreprise d’informatique. Éric réussit à y acquérir une certaine notoriété et à se libérer quelque peu de son agoraphobie. Quant à Jay, elle habite dans un immeuble insalubre et mal isolé de Montréal, mais doit y rester afin de respecter ses conditions de probation. Le récit de Six degrés de liberté voyage donc beaucoup, les lieux symbolisant l’emprisonnement ainsi que la liberté limitée des personnages.
Les thèmes
La liberté, ou l’indépendance, constitue le thème principal du troisième roman de Dickner, étant donné que chacun des personnages entreprend sa propre quête de liberté. C’est également ce qu’incarnent les conteneurs, ces boites métalliques faisant le tour du monde en n’étant à peu près pas répertoriées ou surveillées. L’indépendance se traduit aussi par le désir du voyage et du déplacement et l’envie d’éliminer les frontières. Les contraintes et l’emprisonnement représentent deux autres thèmes importants. Tous les personnages veulent une certaine liberté, mais tous ont des contraintes. Jay, par exemple, n’aime pas les frontières géographiques, mais doit pourtant se résoudre à les accepter puisqu’elle ne peut sortir du pays. Lisa, pour sa part, cherche à se libérer de l’emprise de sa petite ville natale pour vivre sa vie, mais le manque d’argent et la maladie de son père la retiennent au Domaine Bordeur. Éric, lui, est forcé de rester seul et enfermé en raison de son agoraphobie. Finalement, même le conteneur de Lisa, qui symbolise, en théorie, la liberté absolue et le bris des frontières, finit par devenir une prison.
Bref, Six degrés de liberté traite des limites de la liberté dans la société, liberté conquise ou perdue, selon le parcours et les choix de chacun. \
Mai 2016