Nos collégiens se sont prononcés… C’est au roman Et au pire, on se mariera de Sophie Bienvenu, que les 24 étudiants du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue ont attribué la première place au terme des délibérations régionales du Prix littéraire des collégiens 2013. Élizabeth Aubé, étudiante au campus d’Amos, élue déléguée du groupe, est allée défendre leur choix lors des délibérations provinciales de la 10e édition de ce prix à Québec, les 11 et 12 avril derniers. Des étudiants du programme Arts et lettres, profil lettres, livrent ici la critique des cinq romans en lice.

Et au pire, on se mariera (1er choix des collégiens de la région)

Et tout de suite, on le lira

Ajouter un chapitre afin de justifier son titre n’est pas commun, mais cette exception s’agence avec l’histoire d’amour singulière écrite par Sophie Bienvenu dans son roman Et au pire, on se mariera. Sous forme de monologue coloré du jargon adolescent, le récit présente la vie troublée d’Aïcha, treize ans, qui tombe amoureuse de Baz, un homme dans la vingtaine. À travers les tribulations d’une relation difficile avec sa mère, Aïcha raconte la séduction et les frasques qu’elle entreprend. Plongé dans les mensonges de l’adolescente, le lecteur doit découvrir la vérité et reconstituer les faits réels.

Tous les tabous confrontés dans l’histoire d’Aïcha conduisent au malaise ou au questionnement, mais ne laissent pas indifférent. La naïveté de la narratrice est bien réussie, apportant une touche d’humour qui allège l’œuvre et rendant d’autant plus les interdits présentés déroutants : «Je voulais me lever, mais je me suis dit qu’y pourrait rien me faire si je restais sur mon canard. Tsé tu peux comme pas violer une fille qui est assise, faut bien que ça rentre quelque part.»

Ce qui ne pourrait être qu’un roman cru pour adolescents parvient à toucher les adultes par cette confrontation des valeurs morales à laquelle le lectorat fait face. Qu’on se torde de malaise ou de rire, on ne peut rester insensible. Et si la transgression des tabous laisse impassible, la question demeure la même pour tous : où est la limite entre les fantasmes d’Aïcha et la réalité?


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