Sophie Dupuis, récipiendaire de la bourse Michel-Lessard de la cohorte en Arts et lettres du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue en 2005, réalisera son premier long métrage de fiction.

J’ai connu Sophie Dupuis et son regard étincelant dans le local bleu du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue en août 2003. C’est en effet en tant que professeure de cinéma que je l’ai rencontrée, dans le local 3338. Originaire de Val-d’Or, elle était à Rouyn-Noranda pour étudier en Arts et lettres. En plus de s’être démarquée académiquement par son savoir et une insatiable curiosité intellectuelle, elle avait, avec deux autres collègues de classe, réalisé Finca et Innocence, deux films forts tant par la forme que par le fond.

Ayant travaillé sur plusieurs plateaux et ayant inscrit plusieurs courts métrages à son curriculum, Sophie Dupuis est déjà en terrain connu. On se souviendra, entre autres, de Faillir et de L’Hiver et la violence. Elle a su, par sa singularité, provoquer et déstabiliser les spectateurs, mais aussi les marquer et les questionner.

Cinéaste authentique et de contenu, elle s’attarde aux relations humaines et à notre condition d’animal grégaire qui, pour survivre, doit faire sa place, parfois au détriment des autres. Jouant souvent sur le mince fil qui établit la frontière entre le réel et la fiction, c’est dans cette zone d’inconfort qu’elle aime nous faire tomber afin de provoquer des réflexions fondamentales et souvent occultées socialement.

Fonceuse et créative, femme dans un milieu, hélas, encore éminemment masculin, la jeune cinéaste a su tailler sa place à force de talent oui, mais de travail et de persévérance. Le cinéma est un milieu fort compétitif et difficile, un peu comme le snowboard qu’elle aborde dans L’Hiver et la violence. Il faut savoir tomber et apprendre à se relever. Encore et encore.

Se relever, elle l’a fait plusieurs fois : plusieurs projets de courts métrages ont exigé plus d’une demande de financement et c’est après une scénarisation autofinancée et deux demandes qu’elle a enfin obtenu le financement pour réaliser sa fiction.

Voici ce qu’elle a accepté de dévoiler à l’Indice bohémien sur l’avancement de son travail qui a comme titre de travail Toujours ensemble : « C’est l’histoire de JP, jeune vingtaine, qui est collecteur avec son frère Vincent, lui aussi dans la jeune vingtaine. Ils habitent avec leur mère Joe, femme adolescente câline et dépendante affective, récemment sobre. Mais Vincent est explosif, impulsif, instable, manipulateur et de plus en plus violent. Quand JP est là pour l’empêcher de déborder, tout va bien, mais quand il n’est pas là, Vincent peut faire de gros dégâts. Les deux frères travaillent pour l’entreprise illégale de leur oncle, que JP souhaite ne jamais décevoir. Mais lorsque son oncle lui demande de faire quelque chose qui dépasse ses limites, JP se demande quoi faire. »

Les thématiques explorées toucheront notamment aux liens intenses qui unissent une famille, la responsabilité qu’on porte envers ses proches ainsi que la culpabilité qu’on peut ressentir lorsqu’on s’épanouit à l’extérieur du cadre familial. Le film abordera également la manipulation. « Tous les personnages usent de manipulation pour arriver à leur fin, même s’ils sont bien intentionnés. Cette manipulation est inconsciente, c’est le seul moyen de communication qu’ils connaissent », raconte Sophie Dupuis.

Le tournage sera effectué principalement à Montréal, probablement dans l’arrondissement Verdun, et le tournage devrait se dérouler en novembre et en décembre cette année.

Nous devrions donc avoir la chance de voir son travail dans un peu plus d’un an. Je ne suis pas inquiète, puisqu’elle sait s’entourer de gens qui soutiendront son talent et le film ne sera pas banal. Il sera un film de cinéma, avec un propos, une histoire à raconter et une esthétique cohérente, en phase avec le contenu et propre à ce que cette jeune femme porte en elle depuis toujours : la fougue et la passion. \


Auteur/trice

Artiste multidisciplinaire et cinéaste indépendante, Béatriz Mediavilla est née en 1972 à Rouyn-Noranda, où elle demeure toujours. Détentrice d’un baccalauréat et d’une maîtrise en études cinématographiques, elle enseigne le cinéma au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue. Parallèlement, elle a notamment réalisé l’ouvrage collectif multidisciplinaire Ce qu’il en reste : dialogue artistique sur la mort (2009), et a publié Des Espagnols à Palmarolle dans Nouvelles Explorations (2010) et dans Contes, légendes et récits de l’Abitibi-Témiscamingue (2011). Elle a également publié Entre les heures dans Rouyn-Noranda Littéraire (2013). Danse avec elles, son premier long métrage documentaire a connu une belle réception et a été présenté dans différents festivals, entre autres, à Montréal, Québec, Toronto et Vancouver, mais aussi La Havane et New York. Son deuxième long métrage, Habiter le mouvement, un récit en dix chapitres, a aussi été présenté dans plusieurs festivals dans le monde. Il a remporté entre autres, le prix du meilleur documentaire de danse au Fine Art Film Festival en Californie, meilleur long métrage documentaire au Utah dance film festival et le prix de la meilleure oeuvre canadienne au festival International du Film sur l’Art de Montréal. Son plus récent court métrage Axiomata, a aussi été sélectionné dans différents festivals à travers le monde.