Vous êtes-vous déjà demandé quel était le destin de vos déchets une fois que le camion à ordures est passé ? Eh bien non, ils ne disparaissent pas comme par magie ! Actuellement, en Abitibi-Témiscamingue, ceux-ci sont envoyés dans l’un des trois lieux d’enfouissement technique (LET) de la région. En 2014, ce sont plus de 40 000 tonnes de déchets domestiques qui ont pris le chemin de l’enfouissement dans la région.
Par chance, les LET ont davantage de normes environnementales à respecter depuis les années 2000. En effet, ils doivent être étanches et posséder un système de pompage du lixiviat — ce jus de poubelle qui se crée avec les précipitations et la décomposition — afin de traiter ce liquide fortement contaminé, qui autrefois percolait doucement dans le sol.
Par contre, en ce qui a trait aux gaz produits par la décomposition de nos déchets et qui s’échappent des LET, ceux-ci ne sont pas captés à l’heure actuelle dans la région. Seuls les méga sites d’enfouissement sont tenus de le faire, ce qui exclut actuellement les nôtres. Ces gaz contribuent aux changements climatiques et représentent 6 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la province, et c’est sans compter le transport nécessaire pour acheminer les déchets à ces sites. En effet, c’est environ 1 à 2 kg de CO2 qui sont émis par les camions de collecte par kilomètre parcouru, et en Abitibi-Témiscamingue, on en a des kilomètres à parcourir !
Il y a donc place à l’amélioration ! En effet, le captage des gaz liés à l’enfouissement est l’un des moyens actuellement reconnus afin d’obtenir des crédits compensatoires sur le marché du carbone. Cet incitatif financier pourrait charmer les opérateurs de LET qui ne sont pas obligés, par la réglementation, de capter les biogaz. De plus, puisque la majorité des GES émis par ces sites proviennent de la décomposition des matières organiques — c’est-à-dire les résidus de table, résidus verts, papiers et cartons, bois et autres matières ligneuses, etc. — le bannissement provincial de l’enfouissement des matières organiques prévu pour 2020 contribuera notamment à lutter contre les changements climatiques. Le compostage permet d’éviter ces émissions de méthane et il sera implanté dans les prochaines années à la grandeur de la région, avec un 3e bac et une collecte spécifique. En attendant, pourquoi ne pas prendre un peu d’avance et commencer à composter à la maison ?
Même si cette problématique de GES venait à être réglée grâce à l’implantation du compostage et grâce au captage des biogaz des LET, il n’en reste pas moins qu’enfouir les déchets représente un gaspillage important de ressources. En effet, tout ce que l’on jette a forcément été produit, en extrayant des ressources naturelles, en utilisant de l’énergie et en émettant des GES. Et si nous ne nous efforçons pas d’acheminer les matières qui peuvent être recyclées aux bons endroits, ces ressources sont perdues. Il serait intéressant de comparer les concentrations en or et en terres rares provenant des déchets électroniques que contiennent les LET par rapport aux concentrations retrouvées dans certaines mines de la région ! Bien entendu, la technologie, à l’heure actuelle, ne permet pas d’exploiter de façon sécuritaire ces ressources perdues qui s’accumulent dans les LET. En effet, si certains persistent à se débarrasser de leurs vieux portables dans la poubelle, d’autres y jettent des déchets dangereux, comme des bonbonnes de propane, batteries automobiles, etc., alors que toutes ces matières devraient être acheminées dans des points de collectes, tels que les écocentres.
À l’ère du jetable, notre mode de consommation a non seulement des coûts environnementaux, mais aussi économiques. C’est une proportion importante des budgets municipaux qui passent dans la gestion des matières résiduelles. La vraie solution réside dans la réduction à la source des déchets. On ne le répètera jamais assez, mais le déchet le plus facile à gérer est celui qui n’est pas produit ! \