À l’occasion de la deuxième édition du Projet 5 courts, initiative de l’ONF visant à explorer le genre documentaire court, cinq cinéastes présenteront un documentaire de 4 à 5 minutes dans le cadre du Festival REGARD sur le court du Saguenay, un festival international du court métrage qui se tiendra du 16 au 20 mars prochain.
C’est le cas du cinéaste Serge Bordeleau, fondateur de l’organisme 08 cinéma indépendant ainsi que du Festival de cinéma des gens d’ici de Val-d’Or. Bordeleau a été sélectionné l’an dernier pour faire partie de cette deuxième édition, dont la réalisation est assortie de défis techniques qui ont été déterminés suite à un commun accord entre les cinéastes, tels que le recours au noir et blanc et l’utilisation d’un certain type de caméra. « La caméra Bolex numérique est la réincarnation d’une caméra 16 mm qui était très populaire dans les années 70, en raison de son ergonomie et de son branding, explique-t-il. C’est un beau trip de tourner avec ça ! » Les cinq courts métrages issus du projet seront ensuite soumis dans le circuit des festivals.
Le Projet 5 courtsa pour objectif de stimuler la création de courts métrages documentaires, à travers une démarche d’expérimentation, tout en apportant un regard unique sur le territoire. L’ONF est épaulé dans ce projet par La bande Sonimage, un centre de soutien à la production en cinéma et vidéo au Saguenay – Lac-Saint-Jean.
L’ONF présente ainsi le synopsis du court métrage de Bordeleau : « Une nuit présente une nuit comme les autres dans un bar. Des jeunes boivent, dansent, s’observent et font la fête jusqu’à ce qu’un éclairage brutal au néon les invite silencieusement à rentrer chez eux ou à trouver un endroit pour manger. Cette prémisse ordinaire se transforme sous le regard [du cinéaste] en une fresque doucement humaniste constituée d’innombrables récits potentiels. La conception sonore du film étouffe volontairement toutes les conversations. Une stratégie formelle qui s’accorde parfaitement à la démarche originale d’un film qui vise avant tout à susciter l’imaginaire du spectateur. En fin de compte, toute nuit ordinaire est porteuse d’histoires singulières. »
« Je viens de Val-d’Or, et le nightlife a toujours fait partie de la place », raconte Serge Bordeleau quand on lui demande de nous expliquer ce qui l’a mené à traiter ce sujet particulier. « Je ne suis pas un gars de party, mais j’ai toujours été assez observateur, parce qu’il se passe plein de choses entre 22 h et 4 h du matin. On retrouve plusieurs archétypes de personnages, dont les gars qui semblent en “mission”, et qui ont des alliés et font face à des obstacles. Ces histoires de bar m’ont toujours fasciné », ajoute-t-il.
Biologiste de formation, devenu cinéaste après un passage à l’école des médias de l’UQAM, Serge Bordeleau a travaillé avec les Autochtones de l’Abitibi-Témiscamingue avant de réaliser son premier documentaire, Kitakinan – Notre territoire à tout le monde, qui a remporté plusieurs prix. Il est également cinéaste accompagnateur pour le Wapikoni mobile, ce qui lui a permis d’expérimenter le court métrage par le passé.
L’événement n’est pas une compétition, mais bien un volet exploratoire du format court, fruit d’une démarche collective entre les cinq cinéastes. Bordeleau apprécie particulièrement la collégialité du projet, qui favorise les échanges et le réseautage. Le festival REGARD est un événement d’envergure au Saguenay et le cinéaste, qui y a déjà assisté par le passé, a bien hâte d’y présenter son projet et de voir le travail de ses collègues. \