À bien y réfléchir, les dernières grandes décisions politiques que nous avons prises au Québec et au Canada semblent avoir été influencées, du moins alimentées, par le textile, le vêtement. Qu’on se souvienne du tollé provoqué par la question du port du voile dans le projet de charte des valeurs québécoises du PQ et les dérapages qu’elle a suscités. Qu’on se rappelle la décision de la Cour fédérale d’appel dans l’affaire de cette femme qui voulait porter allégeance à Sa Majesté la Fée Élisabeth II et ses échos durant la dernière campagne électorale fédérale. Qu’on se rappelle surtout (souvenir ô combien exquis!) l’ultime tendance mode consistant à s’emberlificoter dans un sac de patates pour aller voter… Il nous faut décidément une politique du vêtement. Tout gouvernement sérieux devrait légiférer sur la question et adopter des mesures efficaces afin de favoriser le développement économique du pays et l’épanouissement intellectuel des enfants, supprimer les inégalités sociales et faire augmenter l’espérance de vie.
Il est facile de comprendre la raison pour laquelle le vêtement soulève les passions et catalyse le débat public : on vit dans un pays où les hivers ne sont guère cléments. Penser le voile, c’est penser sa survie quand le thermomètre indique -40 degrés Celsius. L’immigrant nouvellement arrivé peut ne rien comprendre à cet enjeu crucial. Mais avec le temps, il finit toujours par développer son esprit de discernement. À propos, l’immigrant promènera son regard sur la neige la prochaine fois, mais le monde ne sera déjà plus le même. \